Après la manifestation du 19 janvier 2023, qui a mobilisé entre 12 000 et 20 000 personnes dans les rues de Perpignan, les syndicats espèrent obtenir ces mêmes scores ce mardi 31 janvier. En intersyndicale, encore, les organisations ne veulent pas laisser retomber la pression et appellent à descendre dans la rue. Mais, pour encore gagner du poids, elles ciblent les grands absents de la mobilisation précédente : les jeunes. Tous tentent désormais de convaincre lycéens et étudiants de rallier le mouvement contre la réforme des retraites.
Organisations syndicales : « Il faut renverser la table »
Les représentants de l’intersyndicale réunis ce jeudi 26 janvier
La manifestation du 19 janvier était loin d’être la lutte finale pour les organisations syndicales. Une nouvelle fois réunies en intersyndicale, elles appellent à battre encore le pavé le 31 janvier à partir de 10 h 30 dans les rues de Perpignan.
La raison de leur colère est évidemment la réforme des retraites. Ou du moins il s’agit de la partie émergée de l’iceberg représentant la colère sociale. « Depuis des dizaines et dizaines d’années, les gouvernements successifs ne font que de la destruction sociale. Il faut renverser la table« , tempête Jérôme Capdevielle, secrétaire général FO 66. « Nous devons nous faire entendre dans les rues mais aussi arriver à mobiliser dans les entreprises, martèle à son tour Julien Berthélémy, secrétaire général de la CGT 66. Nous avons besoin de bloquer pour gagner. Mais nous avons aussi besoin d’une victoire. À travers la réforme des retraites qui rassemble tout le monde, nous pourrons, par la suite, aller chercher le reste et bousculer le gouvernement« .
Nous savions que le gouvernement ne plierait pas, mais nous non plus
Pour obtenir toujours plus de poids, les organisations syndicales espèrent rassembler la jeunesse dans leurs rangs. Mais, le 19 janvier dernier, lycéens et étudiants n’ont pas massivement foulé le pavé. La présence de la vingtaine de membres du Mouvement national des lycéens du 66 ne suffit plus. « On va aller à leur rencontre. Nous allons tracter à l’université mais aussi y organiser des réunions. Nous en prévoyons une le 16 février prochain« , précise Jérôme Capdevielle. Assurant donc que la prochaine manifestation du mardi 31 janvier ne sera pas la dernière. « En nous engageant contre cette réforme des retraites, nous étions bien conscients que nous partions pour un long bras de fer, confirme, déterminée, Géraldine Morales, co-secrétaire de la FSU 66. Nous savions que le gouvernement ne plierait pas, mais nous non plus« .
D’une seule et même voix, ces syndicalistes appellent donc les opposants à la réforme des retraites à descendre dans les rues de Perpignan. Le cortège s’élancera sur les grands boulevards. Nouveauté cette fois, il ne se terminera pas au Castillet mais devant la préfecture. Il se conclura par des prises de parole scandées haut et fort. Dans l’espoir de se faire entendre sous les fenêtres du représentant de l’Etat.
Cyprien, représentant du mouvement national des lycéens 66 : « Si on retarde l’âge de départ à la retraite, on ne libère pas d’emplois pour les jeunes »
18 ans, il n’a pas encore quitté sa province qu’il s’est déjà formé une conscience sociale. Cyprien, élève en classe de Terminale au lycée Jean Lurcat est également à la tête du mouvement national des lycéens des Pyrénées-Orientales. Le « MNL_du_66 » sur Instagram. « On essaie de faire connaître la manifestation du 31 janvier par des affichages devant les lycées et par du tractage. Mais aussi en publiant régulièrement sur Instagram par des posts ou stories sur notre compte dédié », détaille Cyprien. Ce tout jeune homme confie ses difficultés à mobiliser ses camarades de classe. « La jeunesse à tendance à penser que manifester ne sert à rien. D’autres se disent motivés mais ne retiennent pas la bonne date… Au sein du MNL 66, nous appelons à manifester le 31 janvier. Mais, certains, hors du syndicat, préféreraient organiser des blocus« , explique Cyprien.
Pourtant, il en est sûr, cette réforme des retraites concerne tous les citoyens, même les plus jeunes. « Oui, les lycéens nous sommes concernés. Ce sera l’actualité de certains d’entre nous d’ici un an. Si on retarde l’âge de départ à la retraite, on ne libère pas d’emplois pour les jeunes qui veulent entrer dans le monde du travail. On va inciter des personnes qui ont déjà beaucoup travaillé, qui sont fatiguées, à se tuer à la tâche. Pendant que, nous, jeunes et motivés, on n’aura aucune place à pourvoir« .
Cyprien ne désespère pas et se laisse ces cinq derniers jours pour convaincre un maximum de camarades à entrer dans la danse des manifestations.
Florent Idrac, Jeunes Insoumis Perpignan : « Cette grève du 31 janvier sera reconductible »
Florent Idrac (à droite) aux côtés de Francis Daspe, animateur de la France Insoumise dans les Pyrénées-Orientales. Archives L’Indépendant – Archives L’Indépendant
Dans les rangs des Jeunes Insoumis Perpignan, les profils sont très différents, selon Florent Idrac, l’animateur du groupe. « Actifs, lycéens, étudiants, demandeurs d’emploi… honnêtement on brasse des jeunes de 15 à 30 ans », précise-t-il.
Pour cet actif de 28 ans, cette réforme des retraites serait une menace pour la jeunesse mais aussi pour tous ceux qui approchent de la retraite. « On voit nos parents approcher la date fatidique, ils sont fatigués mais leurs espérances d’une retraite sereine s’échappent peu à peu« .
Tout comme les organisations syndicales, ce partisan de la France Insoumise espère rallier beaucoup plus d’étudiants à sa cause. Des sessions de tractage sont prévues à l’université à partir du 1er février. « Cette grève du 31 janvier sera reconductible. Nous allons aussi assurer de la communication sur les réseaux sociaux. Nous devons prendre le temps de mobiliser contre cette réforme injuste ».