Ce mercredi 15 mars 2023, dans le cadre de la huitième journée d’action contre la réforme des retraites, plusieurs milliers de personnes ont une nouvelle fois défilé dans les rues de Perpignan. Les syndicats ont dénombré autour de 10 000 manifestants, alors que la préfecture en a recensé 4 500. Rencontres avec des citoyens qui refusent de se résigner malgré l’intransigeance du gouvernement.
Malgré le traditionnel écart entre les chiffres des syndicats et des services de l’Etat, tout le monde est d’accord sur un point. Ce mercredi, les manifestants étaient plus nombreux dans les rues de Perpignan que samedi dernier. Mais le cortège était bien moins fourni que celui du mardi 7 mars, qui avait réuni, selon l’intersyndicale, autour de 30 000 personnes.
À la veille du vote final du Parlement sur le projet de réforme des retraites, ils sont tout de même encore un certain nombre à refuser de jeter l’éponge. C’est notamment le cas de Christian, un artisan port-vendrais de 60 ans. Éreinté par une vie de labeur, le chef d’entreprise refuse de jouer les prolongations : « J’ai commencé à travailler à l’âge de 17 ans. Mais je n’ai pas eu droit au dispositif carrière longue, car j’ai eu des périodes de chômage. J’ai des copains du même âge que moi qui sont en rééducation, qui sont partis en maladie parce qu’ils ne pouvaient plus travailler… Je suis fatigué. »
« Le problème, c’est que Macron n’écoute pas les gens »
Le secrétaire départemental du syndicat Unité SGP Police FO, Ludovic Romanach, refuse également de se résigner. « Même s’ils pourront toujours partir un peu plus tôt que les autres, les policiers nationaux qui sont en catégorie « superactive » vont aussi subir les conséquences de la réforme, avec un allongement de leur carrière, qui ira bien souvent au-delà de 60 ans, déplore-t-il. Vous pensez vraiment qu’à cet âge-là, ils auront encore le courage de poursuivre les malfaisants ? Le combat continuera même si la réforme est votée. »
Otilia, ouvrière à l’usine de papier à cigarettes Republic Technologies, confirme : « Il faut continuer même si c’est voté, jusqu’à obtenir le retrait du texte. Le problème, c’est que Macron n’écoute pas les gens. Plus on prendra la retraite tard, moins les jeunes auront de travail. »
Et maintenant ?
Comment les syndicats comptent réagir si le Parlement valide la réforme ce jeudi ? Pour le secrétaire départemental de la CGT, Julien Berthélémy, la réponse est toute trouvée. « On reste sur la mobilisation quoi qu’il se passe. Il n’y a pas d’autres choix. On ne lâchera rien », martèle-t-il.
« On doit se réunir en intersyndicale pour voir ce qu’on fait en cas de vote de la loi. Mais personnellement, je pense qu’après deux mois de mobilisation, on ne peut pas lâcher comme ça, renchérit Laure Martinez, de la FSU. Dans l’Education, nous envisageons de bloquer les épreuves de spécialités du bac la semaine prochaine. »
Jérôme Capdevielle, de FO, insiste quant à lui sur la nécessité de dresser un premier bilan après deux mois de mobilisation, avant d’envisager la suite en fonction de ce qui va se passer ce jeudi au Parlement. « Nous sommes à la croisée des chemins, estime-t-il. Si la réforme est votée, ce sera un hold-up social. Et si elle passe via l’article 49.3, ce sera la quintessence d’un pouvoir hors-sol au service d’intérêts particuliers et non de l’intérêt général. »
De leur côté, l’Unsa et la CFDT déclarent considérer l’usage du 49.3 comme une ligne rouge à ne pas franchir. La balle est dans le camp de l’Assemblée.
Journal L’Indépendant – Édition du 16 mars 2023 – Arnaud Andreu