Ce mardi 18 octobre, autour de 1500 personnes (1100 selon la préfecture, plus de 2000 selon les syndicats) ont défilé dans les rues de Perpignan pour réclamer des augmentations de salaires face à l’inflation et défendre le droit de grève, selon eux remis en cause par les réquisitions de personnel ordonnées dans les raffineries. Le mouvement, préparé dans l’urgence en seulement cinq jours, peut-il s’inscrire dans la durée et faire tache d’huile parmi les salariés du public et du privé ? Les syndicalistes du département assurent que oui. OUI
Visages souriants de rigueur pour les responsables syndicaux à l’issue de la manifestation perpignanaise de ce mardi 18 octobre. « Arriver à mettre plus de 2000 personnes dans la rue à Perpignan en seulement cinq jours, c’est une satisfaction », se félicite le secrétaire départemental de FO, Jérôme Capdevielle. Son homologue de la CGT, Julien Berthélémy, est du même avis : « Le mécontentement est là. Et il est fort. Il est désormais nécessaire d’arriver à faire converger les luttes. Nous sommes en capacité de gagner par la grève sur les augmentations de salaire, mais aussi de faire reculer le gouvernement sur le dossier des retraites. »
Le mouvement peut-il vraiment s’inscrire dans la durée et faire boule de neige ? « Les salariés de l’énergie et les cheminots ont d’ores et déjà reconduit la grève pour ce mercredi, souligne Julien Berthélémy. Par ailleurs, les militants de nombreux secteurs ne sont pas venus à la manifestation mais ont tout de même débrayé dans leurs entreprises. La mobilisation va faire tache d’huile. Nous avons une réunion demain pour faire le point et élaborer une stratégie pour poursuivre la grève. »
« L’idéal serait quand même que les employeurs ouvrent les négociations »
Jérôme Capdevielle pointe pour sa part un climat social explosif en pays catalan. « Le chômage recule, mais le nombre de bénéficiaires de la prime d’activité versée aux bas salaires augmente. Ils sont désormais 40 000 dans le département. Cela veut dire que les emplois qu’on crée sont des emplois de travailleurs pauvres. » Un contexte également favorable aux revendications salariales.
Ludovic Jeanneau, de Sud Poste, renchérit : « Tout le monde a des problèmes de salaire aujourd’hui. Tout le monde a du mal à boucler les fins de mois. Le mouvement peut très bien faire boule de neige. » Xavier Charreyron, de la CGT Energie, pense également qu’un embrasement est possible. Mais pas forcément souhaitable. « Tout cela peut finir en grève générale, estime-t-il. Mais l’idéal serait quand même que les employeurs ouvrent les négociations avec les salariés. »
De leur côté, Zaccharie, 15 ans et Rousquille, 17 ans, deux membres locaux du Mouvement national lycéen, qui appelait à soutenir la mobilisation, confient avoir eux-mêmes été surpris par l’ampleur qu’a pris le mouvement ce mardi parmi leurs camarades. « À la base, quand on s’est réunis devant le lycée Picasso, on était une dizaine », confient-ils. En fin de compte, lors de leur arrivée en centre-ville, les lycéens étaient une bonne centaine.
Édition du 19 octobre 2022 – L’Indépendant – Arnaud Andreu