Deux ans après avoir échappé à la liquidation judiciaire, les 304 salariés de TIM, fabricant de cabines pour engins de travaux publics basé à Quaëdrype (Nord), vivent de nouveau une attente angoissante. Le 27 novembre, le tribunal de commerce de Tourcoing scellera le sort de l’entreprise en cessation de paiement, qui fin août avait été placée en redressement judiciaire à la demande du repreneur de 2017, le groupe Atlas. Dans moins d’une semaine, le tribunal se prononcera sur la seule offre de reprise reçue, pour 1 euro symbolique.
Une proposition si modeste dans son contenu qu’elle alimente tous les pessimismes. GM Services, qui l’a déposée à l’initiative de la société normande Sépode, propose de reprendre toute l’activité mais avec seulement 13% des effectifs, soit à peine 40 des 304 salariés. 268 licenciements, c’est inacceptable ! La peste ou le choléra, voilà l’alternative devant laquelle se trouvent les salariés
, tempête Christophe Fournier, le délégué syndical FO désigné pour représenter ces salariés pendant la procédure. Il rappelle que l’ancienneté moyenne chez TIM est de plus de 20 ans et que certains salariés, comme les tapeurs de grains, ont des spécialités qui ne sont plus référencées dans les grilles conventionnelles.
Pas d’amélioration de l’offre
A quelques jours de l’échéance, l’espoir d’évolution est très ténu. La réunion organisée entre les services de la Région Hauts-de-France et Sépode n’a pas fait bouger l’offre de reprise. Auditionné le 19 novembre par les représentants syndicaux, à l’issue du comité social et économique (CSE), le P-DG de Sépode a confirmé qu’il n’y aurait pas d’amélioration. Et s’est même refusé à préciser la nature des 40 postes maintenus si le tribunal statue en sa faveur.
Pour cela, encore faut-il qu’il apporte des garanties pour lever les conditions suspensives à laquelle la reprise de TIM est conditionnée, à commencer par le respect des normes de sécurité et environnementales. Système électrique et de gaz à réviser, absence de ventilation sur les postes de soudeurs… les salariés travaillent dans des conditions archaïques. Aucun investissement n’a été fait depuis la reprise de 2017
, explique Christophe Fournier.
Doute sur la recevabilité
Pour le délégué FO, ce ne sont pas les seules inconnues pesant sur l’offre de Sépode. Sa spécialité (découpe et emboutissage) comme sa taille (40 salariés) interrogent. Comment une entreprise, ayant si peu de synergies avec notre domaine d’activité, peut-elle répondre à notre carnet de commandes, encore assez conséquent, en conservant si peu de salariés ? Son offre ne paraît pas recevable
, souligne Christophe Fournier.
Sans compter que TIM est paralysé par les dettes. La Région détient une hypothèque (3,5 millions d’euros) sur le terrain et les bâtiments. Fil Filipov dirigeant du groupe Atlas, qui a repris l’entreprise en juillet 2017, a lui-même engagé l’outillage pour obtenir un prêt de 2,9 millions d’euros.
La gestion de ce dirigeant américain est au cœur de l’audit financier, commandé par le CSE, dont les conclusions seront remises le 25 novembre. De quoi éclairer beaucoup de questions restées sans réponse, dont l’usage des 600 000 euros d’aides publiques, obtenues depuis 2017 au titre du CICE (Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi).
Source: Éditoriaux de jean-claude Mailly