Les salariés chargés de la propreté dans les hôpitaux parisiens Necker, Georges Pompidou et Cochin se sont mis en grève le 1er mars à l’appel de FO. Ils refusent que leurs droits soient attaqués à l’occasion d’un changement de prestataire.
Les 110 salariés chargés du nettoyage au sein de l’hôpital parisien Necker – enfants malades se sont mis en grève le 1er mars à l’appel de FO, syndicat majoritaire sur le site. Déterminés à faire respecter leurs droits, ils ont refusé d’assurer le service minimum. Une mobilisation similaire a été menée dans les hôpitaux Georges Pompidou et Cochin, toujours à l’appel de FO.
A Necker, les grévistes avaient pris place avant l’aube à l’entrée principale du bâtiment pour tracter auprès du personnel hospitalier et faire connaître les raisons de leur colère. Ils ont également bloqué deux bâtiments. Yves Veyrier, Secrétaire général de Force Ouvrière, et Zainil Nizaraly, Secrétaire général de la fédération FEETS-FO, sont venus leur apporter son soutien, tout comme des militants d’autres entreprises du nettoyage.
Aujourd’hui à l’hôpital Necker en soutien aux #salariés du nettoyage en grève pour la défense de leurs conditions de travail, leurs #salaires et leurs #emplois.
Ils et elles font partie des « 2e lignes » pour qui les applaudissements doivent se traduire concrètement. pic.twitter.com/lgrOsuLzAw— Yves VEYRIER (@YVeyrier) March 1, 2021
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Pour faire des économies, le nettoyage dans les hôpitaux de l’AP-HP (assistance publique – hôpitaux de paris) est sous-traité par appel d’offres. A Necker, le marché était tenu depuis huit ans par Arc-en-Ciel santé. Le 1er mars, il a été repris par un nouveau prestataire, l’entreprise Challancin, qui a fait une offre très basse. Pour tenir ses prix, la société n’hésite pas à remettre en cause les droits des salariés
, dénonce le syndicat FO propreté IDF dans son tract.
Malgré ses obligations légales, le nouveau prestataire refuse ainsi de respecter les accords de site négociés par le passé en faveur des salariés. Ces derniers jours, il ne souhaitait pas non plus s’engager à reprendre les salariés déjà en poste dans les conditions prévues par l’article 7 de la convention collective.
Quand le marché est moins cher, à la fin c’est nous qui en payons le prix
Plusieurs grévistes racontent avoir été convoqués un par un au siège de Challancin pour signer un avenant à leur contrat de travail. Nous avons refusé de signer, s’ils veulent nous faire signer quelque chose, ils doivent venir ici et ne pas chercher à nous isoler, explique une salariée. Surtout que certains d’entre nous ne savent ni lire, ni écrire.
Nous ne demandons pas de hausse de salaire, seulement de pouvoir conserver nos acquis
, insiste une gréviste. Avec ses collègues, elle tente de faire le compte des différents prestataires qui se sont succédé à l’hôpital ces 40 dernières années. Les doigts d’une main n’y suffisent pas. A chaque changement, les conditions de travail sont remises en cause, pour quelques économies.
On n’a déjà pas beaucoup de droits, et le peu que l’on a, on veut nous l’enlever, lance avec colère Agnès, chasuble FO sur le dos, et employée depuis 40 ans sur le site. On se lève à 4 heures du matin, on laisse nos enfants et nos maris pour venir nettoyer et on n’est pas considérées. Ce n’est pas parce qu’on est femmes de ménage qu’on ne connaît pas nos droits. Une chose est sûre, quand un marché est moins cher, à la fin c’est nous qui en payons le prix.
Manque de reconnaissance
Les anciens se rappellent qu’en 1999, l’entreprise Challancin avait déjà tenté de reprendre le marché du nettoyage à l’hôpital Necker en bafouant les droits des salariés. Cela avait déclenché une longue grève de 50 jours, avant que l’hôpital ne décide de changer de prestataire.
Les salariés veulent être reconnus comme un maillon essentiel de la chaîne du soin, au même titre que les agents hospitaliers. Sans nous, l’hôpital ne fonctionne pas, et on a encore plus besoin de nous en période de crise sanitaire
, rappellent-ils. Ils sont d’autant plus remontés qu’ils sont particulièrement exposés au risque de contamination par le Covid-19.
Dans la matinée, après une séance de négociation à l’hôpital Necker, Challancin a accepté selon le syndicat FO de reconduire les CDD en cours et d’appliquer l’article 7, mais pas de garantir l’application des accords de site. Le mouvement de grève s’est donc poursuivi, dans une ambiance quelque peu tendue.
Les salariés du nettoyage des hôpitaux Necker, Pompidou, Cochin en grève ! Ils défendent leurs droits face aux lois du marché et au dumping social, la sous-traitance et les pratiques abusives. @FeetsFO pic.twitter.com/YVmG0slqZY
— Zainil Nizaraly (@ZNizaraly) March 1, 2021
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Les grévistes, dont certains avaient passé la nuit dans l’enceinte de l’hôpital Necker, ont été évacués par la police à 6 heures du matin, le 2 mars, pour « occupation illicite des locaux ». Ils ont ensuite passé plusieurs heures alignés contre la grille d’enceinte à l’extérieur de l’hôpital.
Selon Zainil Nizaraly, secrétaire général de la fédération FEETS-FO, d’autres salariés de la société Challancin ont été autorisés à entrer pour faire le ménage à la place des grévistes, bien qu’ils n’aient vraisemblablement jamais travaillé auparavant sur ce site.
S’il y avait vraiment un danger, le préfet avait la possibilité de réquisitionner des salariés grévistes pour assurer le nettoyage, rappelle-t-il. Il y a clairement une entrave au droit de grève.
Une délégation composée de représentants du syndicat FO propreté IDF, du syndicat FO-AP-HP et de la Feets-FO a été reçue en fin de matinée par le directeur des ressources humaines de l’AP-HP.
L’AP-HP veut sortir de la crise au plus vite, elle se défausse sur Challancin, à qui elle a demandé de négocier avec les grévistes avant demain midi, poursuit Zainil Nizaraly. En début d’après-midi, les salariés en grève avaient de nouveaux été autorisés à entrer sur le site de l’hôpital.
Source: Éditoriaux de jean-claude Mailly