Démarré le 22 décembre, la négociation interprofessionnelle sur l’emploi des seniors devrait rentrer dans le vif en février. Si l’exécutif met la pression sur l’indemnisation chômage des seniors, FO entend défendre des mesures larges visant leur maintien en emploi, dont un droit à la reconversion.
La négociation interprofessionnelle sur l’emploi des seniors (« Pacte de la vie au travail ») a démarré le 22 décembre, avec un ordre du jour serré pour les organisations syndicales et patronales, qui ont inscrit quatorze réunions jusqu’au 26 mars.
Après une phase de diagnostic, depuis le 16 janvier et jusqu’au 26, les négociations devraient rentrer dans le vif en février et en mars. L’agenda est chargé : compte épargne-temps universel (CETU), emploi, usure professionnelle, reconversions… Le tout dans un cadre très contraint : la négociation ne devra pas avoir d’impact défavorable sur les finances publiques, indique le ministère du Travail dans sa lettre de cadrage.
Communiquant à plaisir sur sa politique « du plein emploi » des seniors, l’exécutif a fixé en outre des objectifs pour le moins ambitieux : les futures mesures devront permettre de doubler le taux d’emploi des 60-64 ans, de 33 % à 65 % d’ici 2030.
L’indemnisation chômage en toile de fond
Cette pression ne doit rien au hasard : le gouvernement, qui a refusé d’agréer la convention de l’Assurance chômage fin novembre (au motif d’absence de dispositions sur les seniors), attend de pied ferme un accord. Les interlocuteurs sociaux se sont certes engagés à traiter de l’indemnisation chômage dans cette négociation, en intégrant la réforme des retraites. Mais pour FO, hors de question d’en faire un enjeu central. Il faut d’abord travailler sur des dispositifs permettant d’améliorer les conditions de travail, la carrière, la reconversion, et ce, bien avant 50 ans. On verra ce que le patronat sera prêt à faire en la matière. Et seulement après, nous verrons ce que nous ferons ou non sur l’Assurance chômage, souligne Michel Beaugas, secrétaire confédéral FO au secteur de l’emploi et des retraites.
En décembre, des membres du gouvernement faisaient part de leurs souhaits de réduire la durée d’indemnisation pour les demandeurs d’emploi âgés de plus de 55 ans. FO ne participera pas à la diminution des droits des seniors. Et encore moins sans contreparties fermes en matière d’emploi !, prévient Michel Beaugas. Il rappelle en outre que le chômage des seniors est dû aux entreprises qui privilégient les départs des salariés âgés, et à celles qui ne les embauchent pas.
Une des pistes serait de les responsabiliser financièrement les employeurs. FO proposera notamment de sanctionner les licenciements des seniors.
FO : Nous ne voulons pas de contrat au rabais pour les séniors
FO défendra plusieurs dispositifs pour maintenir en emploi les salariés, comme un droit à la reconversion dès 45 ans pour changer de métier, notamment pour ceux ayant occupé un emploi pénible : Si on veut éviter qu’un salarié soit usé ou ne finisse en inaptitude pour raisons de santé, il faut se préoccuper très tôt de ces questions estime Michel Beaugas.
Quant à améliorer l’emploi des salariés entre 60-64 ans, il faudra regarder cette question de façon globale, en matière de conditions de travail et d’aménagement de carrière. Mais pas question de dévaloriser l’expérience des seniors. Nous ne voulons pas de contrat au rabais pour embaucher des salariés à 60 ans avec des exonérations de charges, ni autre temps partiel insiste le négociateur FO.
Un message clair à l’attention du patronat et de l’exécutif, qui avait un temps soufflé l’idée d’un temps partiel à 80 % pour les seniors, rémunéré à 90 % avec maintien total des cotisations retraite.