Pression sur les organisations syndicales. Alors que les négociations sur l’emploi des seniors s’ouvriront prochainement, Matignon a annoncé le 27 novembre sa décision de différer l’agrément de la convention sur l’Assurance chômage, à la suite de l’accord du 10 novembre. Motif du refus ? L’accord serait incomplet car il manque le volet sur l’indemnisation des seniors, selon l’exécutif. En attendant, les règles actuelles de l’Assurance chômage seront donc prolongées jusqu’au 30 juin 2024, via un décret dit de « jointure ». Lors des négociations ardues sur l’Assurance chômage, à l’initiative de FO l’indemnisation des seniors a été renvoyée aux prochaines négociations sur l’emploi de ces derniers. Matignon attend donc un accord à ce sujet, un avenant sur les seniors, pour agréer la convention de l’Assurance chômage. Cette décision témoigne d’un manque de confiance du gouvernement dans le dialogue social et les interlocuteurs sociaux, a réagi Michel Beaugas, négociateur FO chargé de l’emploi. Les syndicats se sont en effet engagés par écrit à aborder l’indemnisation des seniors, en intégrant la réforme des retraites, dans les négociations qui vont s’ouvrir. Mais l’exécutif met en garde : si les syndicats ne parviennent pas à un accord, l’État reprendra la main sur l’Assurance chômage : On retombera dans l’hypothèse du décret de carence, ont averti les services de la Première ministre.
Vers un bras de fer sur l’indemnisation des seniors au chômage ?
Cette menace à peine voilée ne doit rien au hasard. Si la feuille de route du ministère du Travail sur les négociations seniors se veut vaste, l’objectif affiché de doublement du taux d’emploi des 60-64 ans, passant de 33% à 65% d’ici 2030, implique aux yeux du gouvernement l’adoption de mesures permettant de remplir cet objectif. Un des moyens d’y parvenir serait-il de réduire leurs allocations chômage ? Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, a répété plusieurs fois depuis fin novembre être favorable à aligner la durée d’indemnisation des chômeurs de plus de 55 ans (vingt-sept mois) sur celle des autres chômeurs, soit dix-huit mois, suscitant un tollé syndical. Hors de question pour FO, qui demande par ailleurs des sanctions pour les entreprises licenciant les seniors.