Les salariés dispensés de travail depuis 10 jours savent que leur sort sera décidé par le gérant de Mysc ce matin. © Photos M.-S. H.
Trois années d’existence. Trois gérants successifs. Des aides publiques gaspillées. Et 14 personnes aujourd’hui sans emploi. Le bilan de la société Mysc est sans appel : un fiasco. Promise à devenir l’une des vitrines du nautisme local, cette filiale du fabricant allemand de bateaux Hanse met la clé sous la porte. L’annonce de la cessation d’activité à l’amiable est confirmée. Et c’est ce matin que les détails du plan de licenciement seront présentés, à l’occasion d’une dernière réunion entre les délégués du personnel et le gérant de Mysc. Au terme de celle-ci, les 14 salariés dispensés de travail depuis 10 jours, connaîtront le sort que leur réservent les dirigeants allemands. Sans trop d’illusion. « Ils ont d’ores et déjà refusé les propositions que nous avons formulées », indique Jean-Philippe Bardet, délégué du personnel FO. « On a le choix, soit entre une aide à la formation de 1 400 euros, soit à une indemnité d’un demi-mois de salaire. Or, nous demandions seulement 1 000 euros de dédommagement par enfant pour les salariés concernés. C’est scandaleux mais on va essayer de faire pression pour obtenir demain (NDLR : aujourd’hui), un mois en plus d’indemnité par salarié ». Le ton est amer.
« Un immense gâchis »
L’impression de faire l’aumône pour une faible compensation à ce qu’ils qualifient « d’immense gâchis » rend la situation d’autant plus difficile à avaler. « Mysc avait beaucoup investi et comptait se développer rapidement. On ne pouvait qu’y croire. Certains ont fait des choix de vie pour cette boîte. Mais malheureusement on a très vite déchanté », raconte un salarié. « Aujourd’hui, nous sommes abattus. On ne nous a pas respectés et cela continue. Car on se doute depuis un moment que la société va dans le mur avec le rachat de Hanse par un fonds d’investissement. Et depuis 8 mois, tout s’accélère. Des Espagnols sont venus récupérer du matériel ou évacuer des bateaux. C’est évident qu’ils voulaient fermer, et vite. Ça sent l’escroquerie », poursuit le délégué du personnel. L’émotion prend le dessus. Les mots de « patrons voyous » sont lâchés. « Pour nous, c’est fini. Mais ce qu’on demande, c’est qu’on nous respecte et que Mysc prenne en compte le préjudice en faisant un geste », regrette un salarié. C’est là tout l’enjeu de la réunion de ce matin.
L’Indépendant – Edition du 14/06/2012 (Martial Mehr)