Co-responsable depuis 2018 de la branche du travail temporaire à la FEC-FO, Mathieu Maréchal, 46 ans, va en prendre la direction. Son premier front ? Les élections pour le renouvellement des CSE qui se tiennent cette année dans les « majors » du secteur.
Si Mathieu Maréchal devait formuler des vœux de réussite pour 2024, il ne saurait par où commencer. Tant les fronts ouverts sont multiples à FO Intérim, dont il est co-responsable depuis 2018 – avec Béatrice Cluzel – au sein de la section « services » de la FEC-FO, chargé de la communication et de la coordination des équipes FO. Jugez du peu. Il y a la mobilisation contre la plateforme de la honte gérée par France Travail, sur laquelle les employeurs peuvent depuis janvier signaler les salariés en CDD ou intérimaires qui, en moins d’un an, auraient refusé deux fois un CDI. Refus pouvant les exposer à perdre leurs droits à l’assurance-chômage. Si un salarié intérimaire refuse un CDI dans l’entreprise où il est missionné, c’est que les conditions de travail et/ou de rémunération n’y sont pas bonnes, dénonce-t-il.
Parmi ses priorités, il y a aussi la bataille salariale en branche, où FO ne lâche rien. Face à l’insuffisance habituelle des propositions patronales, la section fédérale a demandé le 26 janvier des négociations en commission mixte paritaire. Au nom de l’égalité de traitement, elle continue de revendiquer des NAO pour les 50 000 salariés en CDI-intérimaire, ce contrat créé en branche en 2013 (sans la signature FO) puis légalisé en 2018, qui cumule tous les inconvénients de l’intérim sans les avantages. En haut des urgences, il y a les élections pour le renouvellement des CSE chez Adecco, Manpower, Randstad, Crit. Un défi, vu la faible participation dans le secteur. Dans le collège ouvriers et employés, dont relèvent 80% des intérimaires, la participation a été de 0,75% lors du dernier cycle, précise le militant, qui demande le soutien des unions départementales.
FO a été la seule organisation à me défendre
Il en oublierait son « actu ». 2024 le verra devenir, à 46 ans, responsable de FO Intérim et prendre en février, pour deux ans, la présidence de l’Observatoire (de branche) de l’intérim et du recrutement. Des mandats qui ont un goût de revanche pour ce natif du Bugey (Ain), père de cinq enfants, qui (a) raté son brevet des collèges et n’a aucun diplôme certifié, excepté un BEP travaux forestiers, spécialité bûcheronnage, passé en alternance. Il a fallu que son médecin l’alerte sur sa santé pour qu’à l’orée de la trentaine, il quitte les travaux forestiers. Un beau métier, mais dangereux et peu rémunéré, concède-t-il.
En 2006, il se tourne alors vers l’intérim, pratiqué par intermittence depuis ses 18 ans, et le parc industriel de la Plaine de l’Ain où cette modalité d’emploi ne connaît pas la crise. En dix ans, il alternera missions et CDI dans l’industrie agro-alimentaire et pharmaceutique, remarqué tant pour sa polyvalence – qui lui permet de devenir rapidement technicien de production – que pour son refus de conditions de travail dégradées. Démissionner face à d’incessants changements dans les plannings ou à un passage non-concerté en 5X8, il l’a fait.
Ce n’est qu’en 2016 qu’il découvre l’action syndicale, à la suspension abrupte de son contrat d’intérim, trois mois durant, au motif de travaux sur sa ligne de production. Je me suis retrouvé sans revenu et sans possibilité d’être indemnisé par Pôle emploi (futur France Travail). FO a été la seule organisation à me défendre, rappelle-t-il. Dans la foulée, il prend sa carte FO et est élu en 2017 délégué du personnel au CSE de Randstad Inhouse Services (25 700 salariés permanents et intérimaires). Repéré par Cathy Simon, alors secrétaire de la section des services à la FEC-FO, il est désigné DSC FO l’année suivante, ainsi que co-responsable de FO Intérim. J’aimerais rester comme le syndicaliste qui a amélioré la condition des travailleurs intérimaires, anticipe le futur responsable de section fédérale, très engagé. Pour avoir contribué à mettre à jour des irrégularités financières au sein du CSE de Randstad Inhouse Services, lesquelles spolient les salariés, Mathieu Maréchal a fini 2023 sous protection policière. Le 26 janvier, FO s’est associée à la plainte du CSE déposée au tribunal judiciaire de Bobigny (Seine-Saint Denis), pour des faits susceptibles de constituer des délits d’abus de confiance, d’entrave au fonctionnement du CS et de menace et d’intimidation.