Ils travaillent et militent ensemble depuis de longues années. L’ex-délégué syndical FO, Martial Chudy, part bientôt en retraite. Marc Draia, délégué, vient de mener une grève victorieuse. Les deux camarades ont plein de souvenirs en commun et toujours la même détermination.
Les dernières semaines ont été intenses, tant pour Martial Chudy, 62 ans, ex-délégué syndical FO du site d’Altuglas International de Saint-Avold (Moselle), que pour son camarade Marc Draia, 44 ans, actuel délégué FO. Mi-mars, une grève de quatre jours, à l’appel de quatre syndicats dont FO (majoritaire avec 49 % des suffrages aux élections de décembre 2020), a été suivie par la quasi-totalité du personnel. Les salariés ont obtenu de la direction une prime de 3 000 euros brut ainsi qu’une compensation destinée au CSE pour ses œuvres sociales. Le mouvement avait pour cadre la vente d’Altuglas le 3 mai prochain par le géant français de la Chimie, Arkema. La filiale, qui fabrique du verre acrylique, ira à l’américain Trinseo, dont l’endettement, entre autres, inquiète les salariés. Si le passage de témoin entre les deux militants FO a eu lieu bien avant la grève, Martial s’y est beaucoup impliqué. Et pour cause. Le Mosellan − adhérent FO dès son embauche chez Altuglas en 1986 et en retraite en juillet prochain − a un fort attachement au syndicat qu’il a monté
il y a trente-cinq ans et qui depuis a quasiment toujours été majoritaire
. Et plus que tout, la fibre militante de celui qui a adhéré à FO pour son indépendance et pour défendre les intérêts des salariés
est intacte.
Martial, qui a occupé différents postes dans l’entreprise, dont celui de cariste, est une figure syndicale. De ses multiples mandats (DP, CHSCT, CSE…) il tire beaucoup de souvenirs, tel le combat victorieux pour le doublement de la prime d’intéressement, la grève victorieuse aussi pour la prime de production, l’obtention de primes de poste pour les samedis travaillés. Depuis plusieurs années, il est conseiller prud’hommes, assure des permanences juridiques à l’UD dont il est membre du bureau… Ce n’est pas la retraite qui lui fera lâcher cette activité syndicale.
Le résultat de la grève est un honneur
Les conditions faites aux salariés se dégradent donc le travail syndical est d’autant plus important, et encore plus avec cette crise
, appuie le militant pour qui les salariés doivent se battre pour leurs droits et ne pas lâcher de terrain
. La dernière grève l’a prouvé. Pour Marc, originaire lui aussi de la région et arrivé chez Altuglas en 2000, après avoir été intérimaire chez Ford en Allemagne, le résultat de la grève est un honneur car nous avons obtenu quelque chose en plus de nos acquis !
. Marc, agent de maîtrise, a découvert FO et le syndicalisme en 2001. À mon arrivée, je me suis dit : je suis dans le bon syndicat ! À FO, on a de vrais moyens d’action et en étant soutenu par l’UD, la Fédéchimie et la confédération.
Il travaille en lien avec sa fédération, siégeant au comité national, et participe à la réécriture de la convention collective de la chimie. Lui aussi souligne les difficultés croissantes des salariés. Tout devient compliqué, difficile à supporter, par exemple les menaces de délocalisation. On lutte en permanence pour maintenir nos acquis.
La dernière grève a particulièrement motivé
les salariés, se réjouit le délégué, ils ont vu que FO est structurée et les défendra
. Martial, le camarade de longue date, acquiesce.
Source: Éditoriaux de jean-claude Mailly