Manif du 5 décembre à Perpignan : étudiants et retraités main dans la main

Les uns débutent tant bien que mal dans la vie, les autres galèrent après plusieurs dizaines d’années de labeur. Étudiants et retraités seront également de la partie ce jeudi 5 décembre. Trois d’entre eux expliquent pourquoi.

« Il faut penser aux jeunes générations »

 

 

Daniel Drouillard, 62 ans, jeune retraité d’Opoul, ex-délégué FO de l’usine Nobelclad :« Je suis à la retraite depuis le 1er septembre dernier. Je travaillais à l’usine Nobelclad de Rivesaltes qui a fermé en 2018. Je viens de recevoir mon relevé de la Carsat (caisse de retraite du régime général, NDLR) calculé d’après les 25 meilleures années. Je vais toucher une pension de 1500 euros par mois. Si j’étais parti à la retraite avant la réforme Balladur de 1993, à l’époque où seules les dix meilleures années étaient prises en compte, j’aurais gagné 1800 euros… Je serai dans la rue ce jeudi car il faut penser aux jeunes générations. Si cette nouvelle réforme des retraites passe, nos enfants et nos petits-enfants partiront avec des pensions encore moins élevées. Avec un système par points, tout le monde serait perdant. Je ne suis pas non plus favorable à la suppression des régimes particuliers créés pour offrir des compensations à certaines catégories en fonction de la pénibilité. Si on enlève des choses à ceux qui en bénéficient, ce ne sera pas pour donner plus aux autres… Je n’ai rien à y gagner. »

À 62 ans, Daniel Drouillard est un tout jeune retraité. Cet habitant d’Opoul travaillait à l’usine Nobelclad de Rivesaltes, qui a fermé en 2018. – L’Independant – Michel Clementz

« Contre la précarité étudiante »

Youssef Larhrib, 20 ans, étudiant en droit à Perpignan et membre du mouvement des Jeunes communistes : « Personnellement, je manifeste par conviction politique, mais aussi pour des raisons globales, comme la précarité étudiante. Les étudiants qui ne sont pas financés par leurs parents sont dans la galère. Ils sont obligés de rechercher un travail, même s’ils sont boursiers. C’est un cercle vicieux. Étant obligés de travailler à côté, ils ont plus de chance de rater leur année. Et s’ils redoublent deux fois, ils perdent leur bourse et doivent renoncer à leurs études… Je pense que les pouvoirs publics ne prennent pas suffisamment en considération ce problème. Concernant les retraites, je suis assez pessimiste. Je pense que les pensions vont forcément baisser avec l’allongement de la durée de vie. Mais là, le gouvernement veut aller trop vite. La situation en France n’est pas super et la majorité choisit juste ce moment-là pour baisser les retraites… »

Youssef Larhrib réclame des mesures contre la précarité étudiante. – L’Independant – Michel Clementz

« Les femmes prendraient cette réforme de plein fouet »

Noëlle Marty, 72 ans, d’Argelès-sur-Mer, retraitée du commerce et militante à la CGT : « J’étais caissière dans la grande distribution de 1970 à 2005. Je serai dans la rue ce jeudi car je ne veux pas du système de retraite par points proposé par le gouvernement. C’est sûr que les retraites ne sont pas excellentes pour les anciens de la grande distribution. Mais à mon avis, il faut garder le système par répartition actuel et prendre le problème en amont. Il faut revoir à la hausse les salaires et assurer une évolution de carrière correcte pour tout le monde avec de la formation. Si on a un bon salaire, on peut très bien avoir une retraite convenable, qui permet de profiter des temps libres. Ce qui fait que beaucoup de retraités de la grande distribution sont en situation de pauvreté, c’est que ce sont souvent des femmes à qui on n’a proposé que des temps partiels ou qui se sont arrêtées pour élever leurs enfants. Et ce sont à nouveau elles qui prendraient cette nouvelle réforme de plein fouet. « 

Noëlle Marty plaide pour une augmentation des salaires dans la grande distribution. – L’Independant – Paul Mangin

l’Indépendant (édition du 04/12/2019) – Arnaud Andreu

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