Les impayés de loyers et les expulsions de locataires ont fortement augmenté en 2024. Secrétaire confédéral FO en charge notamment du Logement et de l’Association Force Ouvrière Consommateurs (Afoc), Pascal Lagrue fait le point sur les revendications de FO en matière de logement.
Commandements de payer (+11% entre 2023 et 2024), commandements de quitter les lieux (+9,3%), expulsions (+87%). Les commissaires de justice (anciennement huissiers) sont aux premières loges de la crise du logement. Les chiffres qu’ils ont rendus publics le 20 mars 2025 – à quelques jours de la fin de la trêve hivernale – attestent des difficultés alarmantes auxquelles sont confrontés les locataires pour payer leurs loyers. Cette situation s’explique par la crise économique, la crise du pouvoir d’achat et des augmentations de loyers supérieures à l’inflation, explique Pascal Lagrue, secrétaire confédéral FO au secteur du développement et de la formation syndicale, en charge aussi du Logement et de l’Association Force Ouvrière Consommateurs (Afoc), qui défend les locataires et les consommateurs.
Problème de pouvoir d’achat
L’explosion du nombre de procès-verbaux d’expulsion de ménages (24 000 en 2024 contre 12 825 en 2023) est certes à nuancer. Les expulsions exécutées en 2024 résultent le plus souvent de procédures engagées bien avant, et d’un rebond en raison d’un rattrapage des procédures bloquées pendant le Covid, expliquait Benoît Santoire, président de la Chambre nationale des commissaires de justice, à l’AFP, au cours du point presse du mois de mars. Mais il n’en demeure pas moins une problématique de pouvoir d’achat chez les locataires, admettait-il également.
Premiers actes judiciaires délivrés à un locataire qui ne paie plus son loyer après que le propriétaire a engagé une procédure, les commandements de payer sont un indicateur des impayés de loyer. Or 171 000 commandements de payer ont été signifiés à des locataires en 2024 (+11%). Au bout de la chaîne, il y a eu, en 2024, 81 000 commandements de quitter les lieux (+9,3%), par lesquels les juges constatent la résiliation du bail et ordonnent l’expulsion des locataires.
Protection des locataires
Une situation dramatique que Pascal Lagrue souligne, précisant par ailleurs que FO siège dans les organismes paritaires qui gèrent le logement social et intermédiaire, comme Action logement. A ce titre, FO est donc aux antipodes de la position que peut avoir un bailleur privé, entre autres à la recherche de dispositifs de défiscalisation (type Pinel), souligne-t-il. Quant à la manière de traiter les difficultés de paiements des locataires, Pascal Lagrue estime que les bailleurs sociaux devraient intervenir en amont pour éviter les cumuls d’impayés et comprendre qu’un locataire peut être confronté à un imprévu. Pour le secrétaire confédéral, l’enjeu est de trouver un équilibre entre la protection des locataires et la garantie d’un marché de l’immobilier dynamique et attractif.
Relance nécessaire de la construction
La solution passe également par l’augmentation de l’offre de logements sociaux. Il faut relancer la construction de logements neufs et la rénovation, et faciliter l’accès aux locataires, explique-t-il. La relance de la construction supposerait déjà que le gouvernement cesse ses ponctions sur Action logement et l’aide à se financer. Le gouvernement a en effet prélevé 300 millions d’euros en 2023 et 500 millions en 2020 dans les caisses d’Action logement, organisme paritaire administré par les interlocuteurs sociaux. Les ressources d’Action logement ont pâti en outre de la baisse du taux de la participation des employeurs à l’effort de construction (PEEC). Initialement fixée à 1% de la masse salariale des entreprises (le fameux « 1 % Logement »), la PEEC est passée à 0,45% en 1992.