Quand tout sera privé, on sera privé de tout
Ce slogan a émergé lors du mouvement de contestation de la réforme des retraites, comme une prise de conscience du basculement perceptible de la sphère du public vers le privé, encore plus flagrant avec l’apparition du Coronavirus et ses conséquences dans les hôpitaux.
Pourtant, cette situation n’est pas nouvelle. Les prémices remontent à la fin des années 1980 avec les premières « privatisations » dans les banques, les médias ou encore l’énergie. Ce mouvement ne cessera de s’amplifier dans les décennies qui suivent sans vraiment rencontrer d’obstacles majeurs.
Seulement, désormais, la marchandisation du monde ne touche plus seulement la sphère commerciale : tout devient « à vendre », y compris des champs que l’on croyait hors d’atteinte dans notre République comme la Sécurité sociale, la police ou l’enseignement supérieur.
C’est ainsi qu’on assiste à la lente disparition de la notion du bien commun au profit de fonds de pension ou de grands groupes privés qui convoitent et s’approprient les bonnes affaires publiques, avec des politiques de rentabilité à court terme, sans investissement durable.
Or, au-delà de certains non-sens tout à la fois économiques, sociaux, budgétaires voire éthiques concernant ces privatisations, c’est la justice sociale, fondement de notre modèle social, qui est remise en cause. L’abandon des missions régaliennes pose la question de la souveraineté nationale et de la déconstruction de nos collectifs solidaires.
Pour sortir de cet affairisme et ne pas renouveler les échecs des nationalisations, quelle voie reste-t-il ? Peut-être est-il temps de remettre sur le devant de la scène le débat sur la propriété pour voir d’autres règles émerger et faire ainsi face aux urgences sanitaires, sociales et climatiques de notre temps.
Prédations de Laurent Mauduit, éditions La Découverte, 220 pages, 19 euros. |
Source: Éditoriaux de jean-claude Mailly