Un pognon de dingue, ou je traverse la rue, je vous en trouve (du travail) sont des formules récentes mais qui témoignent de concepts intellectuels anciens.
C’est tout l’intérêt de cet ouvrage, retracer la construction historique d’une réponse à la question : pourquoi y a-t-il des pauvres ?
À travers les nombreux concepts économiques et sociaux qui se développent à partir du 18e siècle, basés en grande partie sur un darwinisme social, les théories de Malthus et l’idée d’eugénisme, il relate la façon dont cette population fut utilisée pour légitimer l’ordre social existant, grâce à la mise en place de modèles que la science met alors au service de l’idéologie.
Parce que les pauvres de la révolution industrielle sont d’un nouveau genre, ils font peur. Il s’agit donc de les catégoriser, de les encadrer, entre contrainte et assistance, pour garantir la paix sociale.
C’est en voulant traiter du travail que l’auteur se penche sur la condition de ceux qui n’en n’ont pas et la place qu’ils occupent dans la société : surnuméraires, inutiles ou armée de réserve ? À la question de leur raison d’être, deux grandes réponses s’affrontent alors : pour Malthus, c’est de leur faute, pour Marx, c’est la faute du capital.
Pour l’auteur, comprendre les mécanismes de cette légitimation, c’est pouvoir s’émanciper.