Cet ouvrage regroupe les contributions de vingt-deux auteurs venant de douze pays. Majoritairement des juristes, mais aussi des économistes et des anthropologues. C’est Alain Supiot qui a coordonné ce livre. Professeur émérite au Collège de France, il a été membre de la commission mondiale sur l’avenir du travail de l’OIT.
Ce recueil traite de six problématiques : « La révolution numérique », « Les périls écologiques », « Le conflit des logiques en droit international », « Les pays émergents », « Le vieux monde industriel » et « Unité et diversité du monde du travail ».
En analysant les enjeux fondamentaux que les transformations du travail provoquent aujourd’hui dans le monde, ce livre, comme l’écrit Cyril Cosme, directeur du bureau de l’OIT pour la France depuis 2014, dans sa préface : fait ressortir l’héritage le plus précieux légué par cette histoire centenaire : l’idée qu’il n’existe pas de paix durable sans justice sociale, que cette justice sociale ne peut être poursuivie avec succès au niveau d’un seul pays, qu’elle requiert une coopération entre les nations
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En effet, les normes internationales du travail restent aujourd’hui le principal instrument à la disposition de l’OIT pour promouvoir des conditions de travail décentes pour tous, dans le cadre d’un état de droit garantissant le respect de la dignité des femmes et des hommes au travail.
Et Cyril Cosme de rappeler très justement : La Constitution de l’OIT en 1919 reposait sur une certaine vision du travail le préservant de toute marchandisation. Le travail n’est pas une marchandise, affirma solennellement l’OIT quelques années plus tard, à la fin de la Seconde Guerre mondiale (déclaration de Philadelphie, 1944)
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Mais nous étions en 1919, année du traité de Versailles, de la fondation de la SDN (Société des Nations) et de l’OIT et de la doctrine du président américain Wilson parlant du « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ». Alors que cette même Amérique retournait à son isolationnisme quand des diplomates-géomètres fous mettaient le feu aux Balkans et au Moyen-Orient. 1919, année d’espoir certes, mais aussi tellement mal gérée qu’elle portait en elle le prochain conflit, encore plus sanglant, encore plus barbare que le premier. Mais l’ONU n’a guère fait mieux que la SDN. A la fin des années 80, les Balkans ont payé très cher les aberrations des traités de 1919-1921-1923 et aujourd’hui les peuples d’Irak, de Syrie paient toujours les accords Sykes-Picot.
LE RÔLE DE L’OIT
En cent ans l’OIT a été la seule organisation internationale à défendre contre vents et marées une certaine idée de la justice sociale. La SDN a disparu, l’OIT est toujours vivante et bien vivante. Comme le précise Cyril Cosme : Avec une longévité exceptionnelle, l’OIT demeure aujourd’hui la seule institution des Nations unies dans laquelle les gouvernements partagent le pouvoir avec les représentants des employeurs et des travailleurs. Le tripartisme reste profondément ancré dans l’organisation, sa culture, son fonctionnement, sa gouvernance et ses normes
. Et d’ajouter : Enfin, à l’heure où nous célébrons le centenaire de la plus ancienne organisation internationale, c’est le système multilatéral lui-même qui est en question, faute d’être parvenu à maîtriser toutes les conséquences de la mondialisation économique
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Quel est l’avenir du travail, se demande cet ouvrage. À l’heure du développement de l’intelligence artificielle et des plates-formes numériques, sommes-nous condamnés à être au service des machines ou pouvons-nous, au contraire, les mettre à notre service. À l’heure du péril écologique, comment travailler sans, dans le même temps, détruire la planète. Alors que des accords internationaux favorisent la concurrence au plus bas prix, est-il possible d’appliquer des normes sociales permettant un travail décent. Et comment élaborer des règles qui, au lieu d’être des vecteurs d’une globalisation uniformisante, tiennent compte de la diversité des formes et des expériences du travail dans le monde. Ce livre essaie de répondre à toutes ces interrogations fondamentales. D’où l’importance aussi du syndicalisme, vecteur et porte-voix des revendications du monde du travail.
Le travail au XXIe siècle. Livre du centenaire de l’Organisation internationale du Travail. Direction Alain Supiot, Les éditions de l’Atelier, 2019, 374 p. |
Source: Éditoriaux de jean-claude Mailly