[Livre] Autopsie de la valeur travail – a-t-on perdu tout sens de l’effort ?


Vers une écologie politique

Selon Voltaire,  le travail éloigne de nous trois grands maux : l’ennui, le vice et le besoin. Cette valeur est devenue centrale dans nos sociétés productivistes. Or elle est en crise : le travail n’est plus tout à fait un instrument d’épanouissement, de libération, pourvoyeur de sens.

L’étude commence par un état des lieux de cette crise que traverse la valeur travail aujourd’hui : chômage et sous-emploi, nouveau management et ses conséquences, temps de travail… Ainsi, l’adaptation et la flexibilité prônées par le néocapitalisme font du travailleur un nouveau domestique et du travail un objet de possession quantifié, normé, rationalisé, qui lui fait perdre tout sens.

L’étude évoque ensuite la façon dont le travail a été pensé à travers le temps : méprisé chez les Grecs puis considéré comme une pénitence au Moyen Âge, il devient un objet de réflexion à l’époque moderne puis une notion politique au XIXe siècle avec les pères fondateurs du capitalisme.

Or aujourd’hui, la valeur travail a bien changé : elle a été vidée de sa substance originelle car la production matérielle n’est plus l’étalon incontestable pour évaluer une tâche et lui attribuer une valeur. Les principes économiques actuels semblent avoir atteint leurs limites, l’idée que  c’est en poursuivant leur intérêt personnel que les individus œuvrent pour le bien commun a vécu. L’efficacité et le rendement, l’innovation à tout crin, la production infinie détruisent le travail.

Il est donc temps d’envisager une autre organisation, plus éthique, plus solidaire, plus écologique, en repensant notre idée du progrès et en rétablissant la norme du suffisant : c’est sans doute par l’auto-limitation de la consommation et de la production qu’on parviendra à sortir de cette crise mondiale.

Autopsie de la valeur travail – a-t-on perdu tout sens de l’effort ?, Gérard Amicel et Amine Boukerche. Éditions Apogée, 164 pages, 15 euros


Source: Éditoriaux de jean-claude Mailly

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