Lettre ouverte au président de la République : les salarié(e)s du nettoyage comptent


Communiqué de la FEETS-FO

Monsieur le Président,

Vous avez présenté le jeudi 31 décembre vos vœux aux concitoyens pour 2021, et vous avez déroulé l’histoire de plusieurs d’entre eux, dont la vie a été bouleversée par le coronavirus : libraire, éboueur, infirmière… mais vous avez oublié certains travailleurs Asma, Jocelyne, Sophie, Djibril, Maria… ce sont des agents de nettoyage.

Elles et ils ont nettoyé les chambres Covid dans les hôpitaux, elles et ils ont nettoyé les morgues installées à Rungis, elles et ils étaient présents dans les abattoirs, clusters à Covid, elles et ils ont continué à travailler quand l’essentiel de la population était cloîtré… Elles et ils étaient dans des logements trop petits, éloignés de tout et ont continué à prendre tôt le matin et tard le soir des transports en commun pour que les besoins essentiels soient assurés…

La crise sanitaire a montré que ces salariés étaient indispensables. Vous l’avez-vous-même dit dans votre message du 14 juillet dernier. Elles et ils sont des centaines de milliers de salariés indispensables aux secteurs essentiels (hospitalier, agro-alimentaire, distribution, transports…) pour la poursuite de l’activité.

Elles et ils sont confrontés au même risque que les salariés des entreprises ou administrations qu’elles et ils nettoyaient.

Mais pour elles et ils pas de prime Covid, pas d’augmentation de 183 euros…Aucune considération. Juste un groupe de travail dirigé par une chercheuse et une DRH qui font ce qu’elles savent faire de mieux, des réunions pour ne surtout rien faire.

Elles et ils sont rendus invisibles aux yeux des autres par la sous-traitance, ce ne sont plus des femmes et des hommes mais des marchés où on cherche le coût le plus faible.

Elles et ils subissent la précarité, le temps partiel imposé, l’isolement sur les sites de travail, les faibles rémunérations, l’absence d’évolutions professionnelles. En quête permanente d’un emploi supplémentaire pour sortir de la misère garantie à celles et ceux salariés du secteur de la Propreté où le salaire moyen est de 600,00 € par mois.

Elles et ils sont les 500 000 salariés du nettoyage et à 80% des femmes qui voient leur situation qui ne cesse de se dégrader.

Plutôt que de vous approprier les belles histoires des autres à la télévision Monsieur le Président, vous pouvez agir :

Reconnaissez le travail de celles et ceux qui travaillent en sous-traitance dans les hôpitaux.

Arrêtez de chercher à réduire sans cesse les coûts dans les marchés publics et prenez enfin la décision de nettoyer les bureaux de vos administrations à des heures décentes.

Agissez en encadrant enfin la sous-traitance dans le secteur qui engendre de la précarité, du multi-emploi, des faibles rémunérations.

Fixer des minimas qui sortent les salariés de la misère et leur permettent de vivre de leur travail.

Asma, Jocelyne, Sophie, Djibril, Maria et des centaines de milliers de salariés du nettoyage qui feront tout pour ne plus être invisibles.


Source: Éditoriaux de jean-claude Mailly

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