Les trois quarts des salariés à temps partiel sont des femmes

Plus d’un salarié sur six travaille à temps partiel, et les trois quarts d’entre eux sont des femmes, selon une étude du ministère du Travail publiée le 11 décembre. Cet écart s’explique par des raisons familiales, mais aussi par une « ségrégation professionnelle », les métiers dits féminisés se pratiquant plus souvent à temps partiel. En cas de temps partiel imposé, FO revendique l’obligation pour les employeurs de payer les cotisations en équivalent temps plein, notamment pour la retraite.

Quel que soit l’âge, le travail à temps partiel est moins fréquent chez les hommes que chez les femmes. Ce constat, qui n’est pas nouveau, émane d’une note de la direction des études du ministère du Travail (Dares) publiée le 11 décembre. Le document, intitulé quelle organisation du temps de travail pour les salariés à temps partiel ?, repose sur des données de l’Enquête emploi de l’Insee de 2023.

Selon cette enquête, plus d’un salarié sur six (17,4%) occupe un emploi à temps partiel. Et parmi eux, 77% sont des femmes. Ces différences entre femmes et hommes s’expliquent en partie par la ségrégation professionnelle : les stéréotypes de genre influencent les possibilités d’emploi et les métiers dits féminisés se pratiquent plus souvent à temps partiel, constatent les auteurs.

Autre explication, les obligations familiales, qui reposent encore beaucoup sur les femmes. Entre 25 et 54 ans, près de la moitié (42,9%) de celles qui sont à temps partiel évoquent la nécessité de s’occuper d’enfants ou de proches. Au même âge, les hommes sont, pour un tiers d’entre eux, à temps partiel faute d’avoir trouvé un emploi à temps complet. Cependant, comme les femmes sont plus nombreuses à être à temps partiel que les hommes, les temps partiels pour emploi incomplet sont majoritairement féminins, poursuivent les auteurs.

Les jeunes et les seniors sont également surreprésentés dans l’emploi à temps partiel. Les jeunes y ont davantage recours pour suivre des études ou une formation. Les seniors sont, quant à eux, plus souvent à temps partiel pour disposer d’un revenu d’appoint, avoir du temps libre ou pour raison de santé. Les jeunes travaillent en moyenne un peu plus de 18 heures par semaine, contre 20,5 heures pour les seniors et près de 25 heures pour les personnes d’âge intermédiaire (25-54 ans).

Des contrats plus courts dans le tertiaire et l’agriculture

L’organisation hebdomadaire du travail varie selon les secteurs d’activité. Près de la moitié (53,4%) des salariés à temps partiel travaillent 24 heures ou plus par semaine. Dans l’industrie, ce taux monte à 67,8%. Les contrats inférieurs à 24 heures hebdomadaires sont plus fréquents dans le commerce, l’hébergement-restauration et l’agriculture, où ils concernent près d’un tiers des salariés à temps partiel. Cette part atteint 67,8% dans les autres activités de services, qui regroupent entre autres le secteur des arts et spectacles et les activités de ménages. C’est également dans le secteur tertiaire que les salariés sont le plus souvent à temps partiel pour emploi incomplet (25,1%) contre 12,9% dans l’industrie.

De manière générale, les secteurs où les emplois à temps partiel de moins de 24 heures hebdomadaires fragmentés (NDLR : réparties sur 5 jours ou plus) sont les plus répandus sont aussi, à quelques exceptions près, ceux où les salariés sont plus souvent à temps partiel pour emploi incomplet, poursuit l’étude.

Lorsque le travail à temps partiel n’est pas choisi mais imposé, FO revendique l’obligation pour les employeurs de payer les cotisations en équivalent temps plein, notamment celles des retraites, pour améliorer le niveau de pension. On verrait alors rapidement baisser le nombre de contrats à temps partiel, par exemple dans la grande distribution, estime Michel Beaugas, secrétaire confédéral FO chargé de l’emploi. Il considère que le temps partiel des femmes pour garde d’enfant peut aussi être souvent considéré comme imposé pour raisons financières. Si les femmes étaient payées comme les hommes, les choix pourraient être différents et plus d’hommes seraient à temps partiel. Et si c’est un manque de moyens de garde, ce n’est pas non plus de la responsabilité des mères, poursuit-il.

Béatrice Clicq, secrétaire confédérale FO chargée de l’égalité femmes-hommes, souligne également la problématique de l’aidance d’un proche. La prise en charge d’un proche apparaît en moyenne dès 36 ans. Après s’être occupées d’un enfant, certaines femmes doivent poursuivre à temps partiel pour s’occuper d’un parent. Nous voulons que l’aidance soit un vrai choix, comme la garde d’enfant, et qu’elle fasse l’objet de politiques publiques, poursuit-elle. La militante dénonce aussi le taux de rémunération des heures complémentaires, qui démarre à 10% contre 25% pour la première heure supplémentaire.

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