Les assistantes maternelles de nouveau en action


Pas moins de 80% des 318 000 assistantes maternelles que compte le pays ont observé une grève des repas et des activités extérieures ce mardi 19 novembre à l’appel de FO, ainsi que de la CGT et du collectif « Gilets roses ». Elles sont également appelées à se rassembler demain devant le ministère des Solidarités et de la Santé.

Les « assistants maternels », en majorité des femmes, sont en colère. Elles revendiquent l’abandon d’un article du projet de loi de financement de la Sécurité sociale qui les obligerait à se référencer sur un site Internet. Elles exigent aussi que soient résolus les dysfonctionnements du site du centre national Pajemploi (qui dépend de l’Urssaf) sur lequel les parents doivent les déclarer.

Le refus d’un « flicage » et d’un démarchage commercial tous azimuts

L’article 49 du PLFSS (projet de loi de financement de la Sécurité sociale) pour 2020 en cours d’examen au Parlement, obligerait les assistantes maternelles à se référencer sur le site monenfant.fr de la Caisse d’Allocations Familiales (CAF). Faute de quoi, elles perdraient leur agrément. Elles devraient y actualiser régulièrement leurs disponibilités et publier leurs coordonnées complètes, notamment leur adresse, ainsi que leurs tarifs.

Les organisations syndicales dénoncent un « flicage ». Les assistantes maternelles craignent aussi une « mauvaise protection des données » explique Véronique Delaitre, secrétaire du syndicat FO. Elles redoutent également un démarchage commercial intempestif, avec une mise en concurrence qui entraînerait un nivellement par le bas. « Par ailleurs, le législateur n’a pas pensé aux zones blanches. Tout le monde n’a pas Internet ! », ajoute la responsable FO.

Parents et employé(e)s victimes du bug de Pajemploi

A ce problème, s’ajoute le “bug“ du site Pajemploi. Censé simplifier et sécuriser, le site connait un bug, qui dure depuis des mois et qui a privé des milliers de familles de l’aide à laquelle elles ont droit pour pouvoir rémunérer une assistante maternelle. Depuis mai 2019 en effet, ce ne sont plus la CAF et la MSA (Mutualité sociale agricole) qui calculent et versent l’aide, mais Pajemploi (même si la demande de prestation se fait toujours auprès de la CAF ou de la MSA). Résultat : Certains parents ont dû s’endetter pour pouvoir continuer à payer, d’autres ont réduit leur activité professionnelle, voire ont totalement cessé de travailler, pour garder eux-mêmes leurs enfants.

Ces dysfonctionnements empêchent aussi les assistantes maternelles de bénéficier des réductions de cotisations sur les heures complémentaires et supplémentaires, réductions pourtant instaurées il y a près de onze mois, en janvier 2019. « Cela représente pour nous un manque à gagner de 15% », précise Marie-Claire Dufros, trésorière du syndicat national FO des assistantes maternelles.

Le silence des autorités

« Le plus pesant dans cette situation est le silence. Le silence de l’institution Pajemploi, le silence du ministre des Comptes publics pourtant alerté de la situation », dénoncent la FGTA-FO (Agriculture et alimentation) et la fédération Commerce et Services CGT, dans leur appel commun au rassemblement de ce 20 novembre. Tout cela, soulignent-elles, « dans un contexte où on voit bien qu’au-delà des objectifs affichés d’amélioration de l’accueil des jeunes enfants et de bienveillance envers les professionnel(le)s, le gouvernement se limite à des objectifs de restrictions budgétaires. »

En juin dernier, après des mois de mobilisation, avec plusieurs manifestations sur tout le territoire et une pétition lancée par FO qui avait recueilli 65 000 signatures, les assistantes maternelles avaient déjà obtenu que le gouvernement renonce à supprimer leur indemnisation pour activité réduite dans le cadre de la réforme de l’assurance chômage. Une victoire qui ne peut que les encourager aujourd’hui.


Source: Éditoriaux de jean-claude Mailly

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