La direction du magasin Leroy-Merlin Tours-Nord a convoqué le délégué syndical FO à un entretien préalable à sanction disciplinaire, mercredi 20 Mai, l’accusant d’avoir divulgué de fausses informations sur l’état de santé de deux salariés. Le délégué explique, lui, qu’il n’a fait que signaler, dans le cadre de son mandat syndical, des cas de salariés présentant des symptômes de Covid et revendiqué, avec l’appui de la Fédération FO des employés et cadres, l’application des mesures sanitaires préconisées par les autorités dans un telle situation.
Thierry Quinton, employé au service logistique du magasin Leroy-Merlin Tours-Nord, délégué syndical FO, et membre du CSE, attend aujourd’hui le courrier qui lui annoncera si sa direction lui inflige, ou pas, une sanction et, si oui, quelle en est la nature.
Convoqué le 20 mai à un entretien préalable avant sanction, le responsable syndical, qui a aussi un mandat national au sein de la section commerce de la fédération des employés et cadres (FEC FO), conteste clairement les faits qui lui sont reprochés par la direction du magasin.
Deux cas suspects de contamination au Covid-19
En chômage partiel pendant le confinement, Thierry Quinton effectuait une à deux visites par semaine au magasin, dans le cadre de ses heures de délégation, pour vérifier que les gestes barrières étaient bien respectés au sein du magasin. Leroy-Merlin Tours Nord poursuivait en effet son activité sous forme de vente en drive (les clients passent leurs commandes en ligne et viennent récupérer leur marchandise sur place).
Son employeur invoque deux griefs à son encontre. Premièrement, le responsable syndical aurait omis de porter ses chaussures de sécurité lors de sa visite du 27 mars. Deuxièmement, il aurait divulgué des informations infondées sur l’état de santé de deux salariés.
Le responsable syndical apporte une tout autre version. Il dit avoir simplement signalé à son employeur, ainsi qu’à l’inspection du travail, deux cas suspects de contamination au Covid-19 et demandé que des mesures sanitaires soient appliquées en conséquence (un changement d’équipe, et la désinfection des locaux.)
Dans les deux cas, les salariés, un agent de nettoyage et une hôtesse de caisse, présentaient les symptômes du Covid (fièvre, perte d’odorat, maux de tête, fatigue extrême…), des symptômes constatés par leurs médecins et qui ont justifié leur arrêt maladie et leur mise en quarantaine à leur domicile.
Une direction dans le déni ?
Dans les deux cas, Thierry Quenton indique que la direction lui a répondu que, il n’y avait aucune certitude sur le fait qu’ils aient contracté le Covid-19 et que l’application des gestes barrières suffirait
. Aucune des mesures de précaution supplémentaire que la section syndicale FO demandait pour protéger ceux qui avaient côtoyés ces deux salariés n’a donc été prise (ni changement d’équipe, ni désinfection des locaux), la direction locale a simplement informé les salariés.
FO est donc intervenue auprès du niveau supérieur. Le délégué syndical central FO, Bernard Vigourous, a commencé par joindre l’Agence régionale de santé (ARS) et le numéro vert mis en place par le gouvernement, pour leur exposer la situation. Il lui a alors été confirmé que, si aucun recours juridique n’était possible pour obliger l’entreprise à agir, la fermeture du site, le temps nécessaire à une désinfection complète, n’en était pas moins fortement recommandée au vu des deux cas suspectés. Le délégué syndical central a alors adressé un courrier à la direction nationale de Leroy-Merlin pour lui demander de faire le nécessaire, soulignant les préconisations des autorités. En vain.
FO ne se laissera pas intimider
Pour la section commerce de la FEC FO, ce que reproche à FO la direction du magasin est d’avoir veillé aux mesures de prévention en signalant plusieurs cas suspects de contamination au Covid-19
. La section déplore encore que la direction privilégie la répression plutôt que le dialogue
. Et d’interroger : Aurait-elle préféré faire la Une des médias comme “cluster“ ?
Thierry Quinton réagit aussi quant au défaut du port de chaussures de sécurité dont il lui est fait grief : un chef de secteur a pris mes pieds en photo alors que je traversais l’allée centrale du magasin pour aller récupérer les chaussures en question au vestiaire. Il s’est d’ailleurs approché à 30 cm de moi pour faire cette photo. En revanche, contrairement à ce qui m’est reproché, je n’ai jamais pénétré dans les espaces de la logistique sans mes chaussures de sécurité aux pieds.
La section fédérale FO Commerce et VRP, ainsi que la section syndicale FO Leroy Merlin, ont condamné le 21 mai dans un communiqué ces agissements antisyndicaux d’un autre temps et ne se laisseront pas intimider
. Appelant la direction de Leroy Merlin à se montrer à la hauteur de la qualité du dialogue social dont elle se prévaut
, elles ont fait savoir qu’elles soutiendraient le délégué si sanction il devait y avoir. Nous réserverons le droit d’ester en justice si besoin.
Source: Éditoriaux de jean-claude Mailly