L’accord national interprofessionnel signé par le gouvernement et des syndicats ainsi que la rigueur étaient dans la ligne de mire des manifestants du 1er mai.
Les valeurs de fraternité défendues par ce franc-maçon qui défilait ’anonymement’ mais cordon au cou, tout de même, ont été quelque peu écornées hier à l’occasion du traditionnel défilé du 1er mai qui, cette année, n’a pas connu l’unité syndicale classique.
La CFDT, la CFTC et la CFE-CGC ayant signé l’accord national interprofessionnel, impossible pour ces organisations de se joindre au rassemblement d’hier dont les principales revendications dénonçaient en grande partie ce même accord. « Des dispositifs remettant en cause les droits des salariés », souligne ainsi Jérôme Capdevielle, secrétaire-général de FO. « Flexibilité, baisse du pouvoir d’achat et réduction des dépenses publiques et sociales constituent le triptyque d’une politique d’austérité », estime ainsi FO. « Mais qui fait la loi, les employeurs ou le gouvernement ? », s’interroge Pierre Place, délégué CGT à l’heure des traditionnels discours tandis que le défilé a rassemblé un peu plus de 500 personnes.
Des salariés du public et du privé inquiets pour leur avenir. A l’image de Madeleine Castany, élue FO chez Auchan. « Aujourd’hui, en manifestant, nous voulons défendre avant tout le pouvoir d’achat. Il faut se battre contre l’austérité qui nous empêche d’avancer sur le plan général et en sortant des problèmes internes ».
« A force de presser, il ne reste que les pépins ! »
Pour elle, comme pour de nombreux manifestants croisés hier matin, le printemps social ou ’mai 2013’ annoncé par certains médias n’est pas encore visible mais pas impossible non plus. « Même si l’effet de groupe est difficile à mettre en place, les employeurs pressent toujours davantage les salariés. Et à force de presser, il ne reste que de pépins ! Attention, la protestation pourrait monter d’un coup. Sans prévenir ».
« Un fort mécontentement », c’est aussi ce que constate Marc Molinier, secrétaire départemental du Snes FSU. « Les travailleurs de la fonction publique et du privé se sentent lésés par la politique actuelle », estime ce dernier. Un constat que dresse également Gérard Gironell, cosecrétaire de la FSU : « le changement se fait attendre. Aujourd’hui, c’est le temps du renoncement, de l’austérité pour tous sauf pour quelques privilégiés du système ! ». L’espoir qu’a pu porter, pour certains d’entre eux, l’élection de François Hollande il y a tout juste un an semble bien loin désormais. « Le chômage augmente depuis 24 mois et les salariés attendent légitimement le changement annoncé », lance ainsi Pierre Place (CGT) qui croit en la force des manifestations et des grèves. « Si les salariés de Somo TP ne s’étaient pas mis en grève, ils n’auraient jamais obtenu leur dû ».
L’Indépendant – Edition du 2 mai 2013 (Estelle Devic)