Le long combat syndical des fonctionnaires


Dès la fin du XIXe siècle (1864 – 1885), le mouvement ouvrier obtient le droit de grève et la possibilité de s’organiser en syndicats. Les travailleurs de l’État, c’est-à-dire les fonctionnaires, devront se battre jusqu’en 1946 pour obtenir ces droits.

S i l’État accepte que les ouvriers et employés du privé s’organisent, laissant les patrons se débrouiller, il n’est pas question que ses propres travailleurs s’organisent en son sein.

Les deux catégories de fonctionnaires qui seront en pointe dans l’exigence de leurs droits syndicaux seront les enseignants et les postiers. En effet, en 1914, sur les 450 000 fonctionnaires, 50 % viennent de ces deux professions. En 1905, les instituteurs créent le SNI (Syndicat national des instituteurs) qui rejoint la CGT dès 1907, année où sept postiers demandent au gouvernement le droit à la syndicalisation. Ils sont aussitôt révoqués. Quand ils entrent en grève en 1909, ils sont massivement licenciés. Cette même année est créée la Fédération nationale des associations professionnelles des employés civils de l’État, qui deviendra la Fédération des fonctionnaires, restant dans l’autonomie, mais qui rejoint la CGT en 1920 pour la quitter l’année suivante, lors de la scission avec les communistes de la CGTU, et revenir chez les confédérés en 1927. En effet, une partie des fonctionnaires, surtout les enseignants, préfèrent l’autonomie à la guerre entre confédérés et unitaires, tant en 1921 qu’en 1947. Les enseignants de la CGT, qui avaient fondé la FEN en 1930, ont préféré retourner à l’autonomie en 1948.

L’importance de la loi du 19 octobre 1946

À l’unanimité, le Parlement vote cette loi qui reconnaît enfin officiellement à presque tous les fonctionnaires le droit de grève et le droit à la syndicalisation. En sont toujours exclus les militaires, les policiers du contre-espionnage et certains hauts fonctionnaires. Ce statut sera amélioré en février 1959, juillet 1983 (droits et obligations), janvier 1984 (fonction publique d’État et territoriale), janvier 1986 (hospitalière).

Les droits : liberté d’opinion politique, syndicale, philosophique, religieuse, droit de grève, droit syndical, formation permanente, droit à la protection. Les devoirs : secret professionnel, obligation de discrétion et de réserve, obligation d’obéissance hiérarchique et d’effectuer les tâches confiées. Les derniers gouvernements restent très vigilants sur les devoirs mais attaquent de plus en plus les droits, en particulier le droit de grève qui est de plus en plus remis en cause.

Pierre Neumeyer (1878-1960)
Fonctionnaire des douanes, il est en 1914 le numéro deux de la Fédération nationale des fonctionnaires qu’il fera entrer à la CGT en 1927. Proche de Jouhaux, grand résistant à Libération-Nord, c’est lui qui installe Résistance Ouvrière, l’ancêtre de FO Hebdo et de L’inFO militante, au siège de la Maison des fonctionnaires à la Libération. À la fondation de la CGT-FO il est secrétaire de la Fédération des fonctionnaires et trésorier.


Source: Éditoriaux de jean-claude Mailly

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