Le groupe varois CNIM sauvé du démantèlement


L’équipementier de la Seyne-sur-Mer (Var) évite le démantèlement à l’issue d’un nouvel accord avec ses créanciers et l’État. Il conserve ses deux périmètres d’activité, comme revendiqué par FO, syndicat majoritaire. Mais il devra procéder à des cessions d’activités.

C’en est fini des mois d’incertitude pour les 2.700 salariés de l’équipementier varois CNIM (Constructions navales industrielles de la Méditerranée), dont plus d’un millier à la Seyne-sur-Mer. Le risque d’un démantèlement du groupe, contre lequel ils bataillaient depuis le printemps 2020 avec le soutien de FO, syndicat majoritaire, est écarté. Fin janvier, les banques, les assureurs-crédit et l’État ont trouvé un nouvel accord avec la direction de ce spécialiste de mécanique de précision lourdement endetté (à hauteur de 136 millions d’euros fin 2020), qui revisite le protocole de conciliation prévoyant jusqu’alors la vente à la découpe des activités.

Il s’en est fallu de peu. Les représentants du consortium franco-chinois, à l’origine d’une offre sur les activités Environnement du groupe, étaient encore dans nos murs en janvier. Nous les avons rencontrés à leur demande. A cette occasion, nous avons une nouvelle fois mesuré combien leur offre était peu fiable, commente Jean-Pierre Polidori, délégué syndical FO CNIM, qui n’aura cessé d’alerter, depuis mi-2020, sur l’impasse des conditions du protocole financier censé permettre le redressement du groupe CNIM. 

Le CSE approuve à l’unanimité le nouveau plan de sauvetage

Si ce protocole conclu en avril 2020 a permis à l’équipementier varois d’éviter le dépôt de bilan, en obtenant 44 millions d’euros de prêts et une ligne de caution bancaire de 222,5 millions d’euros, la restructuration financière imposée en contrepartie par les banques le contraignait à céder ou adosser ses activités, au risque de le faire à des prix de bradage. De fait, aucune offre jugée satisfaisante n’a émergé dans les délais imposés.

Le groupe restera donc CNIM, moyennant un nouveau plan de sauvetage qui repose sur des cessions d’activités éloignées du cœur de métier selon la direction du groupe et sur la conversion des créances bancaires en quasi-capital (sans toutefois que les banques prennent le contrôle du groupe, NDLR).

Le comité social et économique de l’UES CNIM a donné, à l’unanimité, son feu vert à cette opération le 9 février. CNIM est sauvé du démantèlement, la mobilisation des salariés a payé, précise le délégué FO de CNIM. En décembre dernier, le syndicat, qui a réussi à fédérer sur ses positions les élus locaux, avait encore organisé deux manifestations, évidemment dans le respect des mesures de distanciation physique.

FO vigilante sur la mise en œuvre et le volet social

Héritier des chantiers navals de La Seyne-sur-Mer, le groupe CNIM, né en 1856 et détenu par la holding Soluni de la famille Dmitrieff, appartient au patrimoine industriel local et représente le premier employeur privé du Var. Il est également un fleuron de l’industrie tricolore : son pôle Environnement et Energie est leader européen du retraitement des déchets et son pôle Innovation et systèmes, spécialisé dans les systèmes complexes, intervient pour Ariane, le programme de recherche nucléaire ITER et dans la fabrication des tubes lance-missiles pour les sous-marins français.

FO restera vigilante sur la mise en œuvre de ce plan, et suivra de près le volet social des cessions d’activité auxquelles les créanciers contraignent le groupe, ajoute tout de suite Jean-Pierre Polidori. Le nouveau plan de sauvetage prévoit la cession de Bertin IT et de Vecsys, spécialistes de l’intégration de solutions logicielles, et de la filiale Opération & Maintenance, spécialisée dans l’exploitation de centres de valorisation énergétique. Elles représentent un chiffre d’affaires total annuel de 85 millions d’euros – soit 12 % du chiffre d’affaires du groupe – et des effectifs totaux de 680 salariés.

Nouveau soutien financier de l’État

Ces cessions doivent permettre de couvrir, en partie, les besoins en liquidités de la CNIM, dont les grands périmètres d’activités sont préservés. C’était la première revendication de FO, qui a défendu le caractère solidaire et inséparable des deux secteurs du groupe pour éviter la casse sociale, notamment dans les fonctions support. Selon les années, l’équilibre financier est assuré soit par le pôle Environnement et Energie, soit par le pôle Innovation et Systèmes.

Une autre revendication satisfaite de FO, qui appelait l’État à s’engager aux côtés des salariés, est le nouvel engagement financier auquel celui-ci consent. Si ses modalités sont encore en discussion, il pourrait prendre la forme d’un nouveau prêt du Fonds de développement économique et social (FDES), qui est à la main du Ciri (Comité interministériel de restructuration industrielle).

L’intérêt est double : certains de ces prêts peuvent être de longue durée et assimilables à des fonds propres pour les entreprises en difficultés. Dans le cadre du premier protocole, l’État avait déjà apporté 8,75 millions d’euros de financement de court terme, via un prêt du FDES. Celui-ci avait été décisif, puisqu’il avait fait effet levier et débloqué l’engagement des banques.


Source: Éditoriaux de jean-claude Mailly

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