L’amélioration des conditions de vie des travailleurs dans les ateliers, les usines, les bureaux a toujours été à la base des revendications des syndicats de par le monde et dès le XIXe siècle.
N on sans humour, le regretté Henri Salvador chantait le travail c’est la santé, ne rien faire c’est la conserver
. Avec la révolution industrielle et l’apparition du prolétariat, le travail reste une corvée pénible et parfois dangereuse. Dès l’origine, la jeune CGT se bat d’ailleurs sur trois fronts : la baisse des heures de travail, l’augmentation des salaires et l’amélioration des conditions de travail. Zola dans Germinal l’a bien décrit. Les mineurs étaient de véritables forçats au courage inimaginable. Et que dire de métiers exercés dans des conditions physiques tout aussi difficiles : les métallos dans les fonderies, les ouvriers à la chaîne dans l’automobile, les femmes dans les usines de conserverie de poisson… Et cela sans parler de la pression des contremaîtres et autres petits chefs sur ces salariés. En 1910, à l’instauration d’une retraite à 65 ans via un système de capitalisation, Léon Jouhaux parle de la retraite des morts
. L’espérance de vie des prolétaires ne dépassait guère en effet les 60 ans. Bref, pour gagner sa vie il fallait risquer de la perdre à petit feu, ou d’un coup de grisou !
Le concept de qualité de vie au travail
Le concept de qualité de vie au travail/QVT apparaît dans les années 1950 chez l’universitaire britannique Éric Trist du Tavistock Institute de Londres. Il est, avec les syndicats, l’un des premiers à dénoncer le taylorisme qui entraîne, d’après ses études, monotonie, déqualification, sentiment d’aliénation, cela induisant une baisse de la productivité. Voir le film Les Temps modernes de Charlot.
Dans les années 1960, les chercheurs américains Abraham Maslow et Douglas McGregor définissent la QVT : intégrité physique, psychique, développement du dialogue social, équilibre entre vie au travail et vie hors du travail. Cette problématique, qui n’apparaît en France que très tardivement, se concrétisera dans l’Accord national interprofessionnel du 19 juin 2013, qui définit la QVT : Les conditions dans lesquelles les salariés exercent leur travail et leur capacité à s’exprimer et à agir sur le contenu de celui-ci déterminent la perception de la qualité de vie au travail qui en résulte.
La loi Rebsamen du 17 août 2015, contestée par FO, ne fera pas de la QVT un thème à part entière, le diluant avec celui de l’égalité professionnelle hommes/femmes. La QVT est devenue la QVCT, la qualité de vie et des conditions de travail, par un nouvel ANI, notamment approuvé par FO, en décembre dernier.
Source: Éditoriaux de jean-claude Mailly