1 Des salariés déjà très ’flexibles’ dans les P.-O. Selon Pierre Place (CGT), près de la moitié des salariés du privé dans le département sont aujourd’hui inscrits à Pôle emploi. Les Pyrénées-Orientales comptent effectivement 40 000 chômeurs et près de 85 000 salariés du privé. L’emploi industriel est en déclin, notamment avec les fermetures successives dans l’industrie agroalimentaire et le seul secteur porteur en terme d’emplois est le tourisme où la flexibilité et la précarité sont très courantes. « La situation de l’emploi est si précaire dans les P.-O. qu’elle ne repose que sur la neige et le sable », reprend Jérôme Capdevielle (FO) qui dénonce la possibilité pour les patrons de se lancer dans « le chantage à l’emploi » si ces mesures devaient être adoptées. L’activité des entreprises du tourisme et du commerce étant effectivement fluctuante, de nombreux salariés de ces secteurs pourraient se retrouver face à ce choix cornélien : accepter une baisse de salaire en période creuse plutôt que de se retrouver au chômage… « Le projet évoque le maintien de l’emploi, c’est plutôt la mise en place du chômage partiel généralisé », reprend Jérôme Capdevielle. Quant à l’emploi industriel stable qui se maintient dans le département, il pourrait « être fragilisé » par de telles mesures, selon Pierre Place et se précariser.
2 Les licenciements économiques ’déguisés’ sont légion D’après Jérôme Capdevielle, « au moins 200 ruptures conventionnelles de contrats de travail » sont signées tous les mois dans le département. Parmi elles, certaines sont, en fait, des licenciements économiques déguisés qui permettent aux employeurs d’éviter toutes les obligations liées à ces licenciements économiques. Sous pression et sans connaître leurs droits, les salariés signent leur rupture de contrat et n’ont alors plus aucun moyen de recours. Demain si la loi passe, avec notamment l’aspect ’mobilité de l’emploi’, un salarié sera licencié économique s’il refuse une mutation de poste ou de lieu de travail. Les statistiques de Pôle Emploi pourraient donc continuer leur ascension.
3 Le département très concerné par le temps partiel Avec la nouvelle loi, les salariés à temps partiel ne pourront pas travailler moins de 24 heures par semaine. « A moins qu’ils ne donnent leur accord », explique Jérôme Capdevielle qui craint de voir les salariés « accepter tous les durées de travail pourvu qu’ils aient un emploi ». Les temps partiels concernent à 85 % les femmes à 80 % les plus bas salaires et sont, très souvent, subis. Rien ne devrait donc changer. Les salariés de Somo TP ainsi que d’autres entreprises et du public manifestent ce matin.
L’Indépendant – Edition du 9 avril 2013 (Estelle Devic)