Le délégué cantonal et administrateur de la Mutualité sociale agricole (MSA) en Lot-et-Garonne candidate de nouveau aux élections avec l’objectif de pouvoir continuer à faire entendre la voix des travailleurs, dans un milieu où le tissu social peine à se reformer. Sa mission : être au plus près des agriculteurs, leur transmettre de l’information et faire remonter l’ensemble de leurs difficultés sociales, afin qu’ils reçoivent le soutien auquel ils ont droit.
Le monde des coopératives agricoles n’a pas de secrets pour lui : Laurent Sure est tombé dedans quand il était petit. Je suis fils d’agriculteurs, mes grands-parents comptaient parmi les premiers adhérents d’une coopérative à leur époque. Une certaine idée de la solidarité professionnelle, que Laurent Sure tente de faire perdurer depuis quarante ans qu’il travaille dans la coopérative agricole Terres du Sud, dans le Lot-et-Garonne. Syndiqué chez FO depuis plus de vingt-cinq ans, le conseiller de vente cumule désormais les casquettes lui permettant de faire vivre la lutte collective dans ce secteur atomisé, où le lien social est difficile à entretenir.
Délégué syndical dans le comité d’entreprise, il siège également au nom de FO au sein du groupe Agrica (mutuelle et prévoyance), mais aussi au bureau de l’union départementale FO du Lot-et-Garonne, et même au conseil des prud’hommes depuis 2002. Je préside ou copréside les jugements de la partie agricole, raconte Laurent Sure. Je me suis engagé pour rendre au plus juste ces jugements, et ça m’a toujours plu. Délégué cantonal et administrateur de la caisse Dordogne-Lot-et-Garonne de la Mutualité sociale agricole (MSA), il sera de nouveau candidat lors du scrutin qui se tiendra du 5 au 16 mai, en ligne ou par courrier.
Faire remonter les difficultés du terrain
Pour ces élections, qui se déroulent tous les cinq ans à la MSA, 2,5 millions de personnes sont appelées à voter – les salariés et non-salariés du monde agricole, ainsi que leurs ayants-droit. Près de 2 000 listes cantonales ont été déposées par la Fédération générale des travailleurs de l’alimentation (FGTA-FO) et la Fédération des employés et cadres (FEC-FO). La MSA est une structure mutualiste unique, le deuxième organisme de sécurité sociale de France, expose Laurent Sure avec enthousiasme. J’aime à dire que la MSA nous accompagne du premier cri au dernier souffle. C’est du trois en un : Sécu, CAF, retraite.. Un système qui facilite grandement les démarches des salariés agricoles.
Comme les 13 759 autres délégués locaux, Laurent Sure a pour mission de faire le lien entre les ressortissants de ce régime et la MSA. Il s’agit d’être au plus proche des gens, à l’écoute des gens, comprendre les problèmes qu’ils n’osent pas dire, puis de transmettre ces informations aux interlocuteurs adéquats. On fait remonter du terrain les difficultés des salariés qui n’arrivent pas à joindre les deux bouts, à se soigner, à se loger, qui sont des personnes âgées isolées, qui ont des idées noires, énumère-t-il. Un rôle crucial dans un secteur où le tissu social tend à se désagréger.
Vigilance face au mal-être
Les spécificités du monde agricole – rythmes de travail atypiques, risques professionnels importants, disparité des revenus, isolement géographique – participent à créer un mal-être chez de nombreux travailleurs. Les crises diverses ne font qu’accentuer ce phénomène. On est très affectés actuellement par les difficultés agricoles. L’année en cours s’annonce très compliquée, on s’attend à des PSE, anticipe Laurent Sure. Du haut de ses 60 ans, il mesure la dégringolade des métiers de l’agriculture, lui qui est né au milieu des bois. À mes 20 ans, quand j’ai voulu m’installer, il n’y avait aucune terre de libre. Aujourd’hui, les exploitants seraient bien contents d’avoir quelqu’un pour les reprendre, ils ne trouvent pas de successeurs.
Cette atomisation du secteur a des conséquences sur le bien-être au travail, même au sein des coopératives. Aujourd’hui, les agriculteurs s’éloignent les uns des autres, ils n’ont plus le temps d’échanger entre eux. Ce n’est plus ce que j’ai connu à mes débuts. Une bonne raison de redoubler de vigilance quant à la santé mentale des travailleurs. Laurent Sure a ainsi participé à une formation « Sentinelle » pour le repérage précoce des situations de mal-être et des tendances suicidaires. Il y a beaucoup de suicides dans le monde agricole, où les gens sont mal dans leur tête mais ne veulent pas le dire. Il y a une certaine pudeur, face à laquelle il ne faut pas avoir peur de poser la question des idées noires, afin de pouvoir aider ces personnes à temps.
Transmettre des valeurs de solidarité aux jeunes générations
Alors il continue d’arpenter son canton pour prendre des nouvelles des travailleurs agricoles qui y vivent, et les informer sur leurs droits. Aujourd’hui, dans les lycées agricoles, on ne leur parle plus du droit syndical, des organisations qui peuvent les défendre, les écouter, leur apporter de l’information, regrette Laurent Sure. Il s’est donné pour mission de rendre visite aux jeunes agriculteurs, de prendre leurs coordonnées et de leur transmettre de l’information. De cette façon, il se fait le relais de valeurs de solidarité, de responsabilité et de démocratie pour les générations futures.
Laurent Sure entend ainsi incarner le rôle d’un véritable élu de terrain, au plus près. Il faut aimer les gens, être proche des gens pour travailler avec eux. Tout comme dans la vie syndicale : si le militant ne se souvient plus pourquoi il a adhéré à FO en premier lieu, il sait pourquoi il y est resté. J’y ai toujours trouvé des gens très intéressants, et cette partie humaine est très importante. Si le courant passe, on fait avancer les choses !