Le 18 février, l’AFOIT a organisé un colloque avec le CESE autour de l’insertion par le handisport et des vingt ans de la loi de 2005 sur le handicap. Face à une insertion toujours difficile, FO a appelé à des accords handicap plus ambitieux.
Le handisport est-il un facteur d’insertion professionnelle ? Et quel bilan tirer de la loi handicap de 2005, vingt ans après sa mise en œuvre ? Après les Jeux paralympiques de Paris, l’Association française pour l’OIT (AFOIT) et le CESE se sont penchés sur ces thèmes lors d’un colloque le 18 février au Palais d’Iéna. Les JOP ont été une formidable fenêtre de sensibilisation pour dépasser les idées reçues sur le handicap, mais il reste beaucoup à faire, a pointé Pascal Lagrue, secrétaire confédéral FO. La confédération était membre de la charte sociale lors des JO. La loi de 2005, dite sur l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées (loi handicap), a instauré un principe de non-discrimination dans le Code du travail. Elle a aussi étendu l’obligation d’emploi de travailleurs handicapés dans la fonction publique. Mais vingt ans après, le constat reste décevant. Les discriminations demeurent. Dans le privé, le taux d’emploi des travailleurs handicapés stagne (3,6 % en 2023), loin des 6 % obligatoires. C’est un peu mieux dans la fonction publique, avec un taux d’emploi de 5,93 % en 2024.
Appel à des politiques handicap plus ambitieuses
Ce taux d’emploi varie néanmoins beaucoup selon les collectivités et les administrations. Ce n’est pas satisfaisant. Ça ne fonctionne que s’il y a des politiques handicap structurées dans les collectivités, a souligné Françoise Descamps-Crosnier, présidente du Comité national du FIPHFP, le Fonds pour l’insertion des personnes handicapées dans la fonction publique. Dans le privé, la moitié des entreprises n’auraient toujours pas de politique handicap. Pour Pascal Lagrue, les accords de branche ou d’entreprise pourraient en outre être plus conséquents : Au lieu de les voir comme des handicapés, il faudrait voir ces salariés comme ayant des problématiques particulières à intégrer. Et travailler sur tous les points d’accès, la formation, l’évolution interne, les équipements adaptés. Un changement des mentalités qui à l’évidence prendra encore du temps.
Le CESE sévère sur les résultats de la loi de 2005
La loi de 2005 a marqué une avancée majeure en matière de politique publique sur le handicap, couvrant à la fois l’accessibilité, l’éducation ou l’emploi. Mais sur tous ces points, le bilan reste plus que mitigé, regrette le CESE dans une déclaration de février. L’accès à la formation supérieure reste une gageure : faute d’accessibilité, les étudiants handicapés représentent seulement 2 % des effectifs. Or, ces inégalités de formation se répercutent sur les parcours professionnels, les personnes handicapées accèdent par exemple moins souvent à des postes de cadres. L’accès à l’emploi reste un défi majeur : le CESE rappelle que le taux de chômage des personnes handicapées atteint 12 %, contre 7 % pour l’ensemble de la population. L’instance appelle à privilégier des recrutements basés sur les compétences. Elle invite les syndicats et le patronat à se saisir de la question de l’évolution professionnelle de ces salariés, grande oubliée de l’égalité des droits.