Pour la troisième fois en moins d’un an, FO était conviée à une prise de contact avec un nouveau Premier ministre. Nommé le 13 décembre à Matignon, François Bayrou a reçu la délégation FO, conduite par le secrétaire général de la confédération, Frédéric Souillot, le 9 janvier. Sans surprise, celle-ci a porté ses revendications, nombreuses et réactualisées.
Parmi celles-ci, la demande d’une véritable politique de l’emploi, avec l’ouverture d’une négociation nationale interprofessionnelle, en vue de la création de mécanismes permettant de lutter contre le recours abusif aux contrats de travail à temps partiel. Et FO de rappeler que le CDI à temps plein doit être la norme. Par ailleurs, lutter contre les inégalités au travail, améliorer les conditions de travail, augmenter le taux d’emploi, notamment des jeunes et des seniors, permettrait d’améliorer le niveau des pensions tout en augmentant les recettes du régime. Une référence directe au dossier des retraites. Et FO, qui a réitéré sa demande d’abrogation de la réforme de 2023, a demandé aussi la transposition au plus vite des ANI dans la loi, dont celui du 14 novembre sur l’emploi des travailleurs expérimentés.
Des projets budgétaires de retour devant le Parlement
Le 14 janvier, lors de son discours de politique générale, le Premier ministre a annoncé remettre en chantier la réforme des retraites et décidé d’une concertation (de trois mois) entre interlocuteurs sociaux, précédée d’une réunion de méthode et de format le 17 janvier. La veille, FO, via sa commission exécutive, indiquait se sentir libre de la quitter [la concertation, NDLR] à tout moment, en toute indépendance en fonction du cadre (…) proposé. La CE pointait aussi la poursuite manifeste des précédentes politiques d’austérité par le gouvernement Bayrou. Celui-ci a annoncé une baisse des dépenses publiques à hauteur de 32 milliards d’euros en 2025. Alors que la croissance est révisée à la baisse, à moins 0,9%, il s’agirait de ramener le déficit public de 6,1% du PIB en 2024 à 5,4%. Le gouvernement a décidé de reprendre les deux projets de textes budgétaires, PLF (pour l’État) et PLFSS (pour la Sécurité sociale), présentés par le gouvernement Barnier et avec certaines modifications faites par le Parlement à l’automne. L’examen du PLFSS débutera le 3 février à l’Assemblée, sur la base de la version adoptée en première lecture le 26 novembre par le Sénat. Celui-ci, depuis le 15 janvier, examine le PLF (ce qu’il faisait au moment de la censure le 4 décembre) dans sa partie dépenses.
Premières tonalités inquiétantes
D’ores et déjà, le Sénat, qui vient de ramener l’effort d’économies des collectivités locales de 5 à 2,2 milliards d’euros en 2025, a voté la baisse, de 10%, de l’indemnisation des arrêts maladie (de moins de trois mois) des agents publics. La mesure, qui a survécu au gouvernement Barnier, vise une économie budgétaire de 900 millions d’euros. La suppression de 4000 postes d’enseignants serait abandonnée, a annoncé ces derniers jours le Premier ministre. Mais, réagit la fédération FO de l’Enseignement, évoquant la rentrée 2025 : Près de 500 postes supprimés dans les écoles, le gel des salaires, le maintien des contre-réformes…, c’est inacceptable. Le gouvernement ressort par ailleurs la piste de la création d’une deuxième journée de solidarité (pour le public et le privé), soit sept heures de travail non payées. Cela apporterait 2 milliards d’euros à la Sécurité sociale, prévoit le gouvernement. Une telle mesure avait été adoptée par le Sénat en novembre. Celui-ci en revanche avait réduit, de quatre à trois milliards d’euros, la portée déjà limitée de la mesure de baisse des allégements de cotisations sociales patronales, lesquels représentent près de 80 milliards d’euros par an de manque à gagner pour les comptes publics. Et sans conditionnalité, contrairement à ce que demande FO.