La « gangrène de la fonction publique » dans un livre noir

Dans un « livre noir » rendu public jeudi, le syndicat FO dénonce les effets de la révision générale des politiques publiques

Dès la mise en place en 2007 d’une Révision générale des politiques publiques (RGPP), le syndicat FO avait mis en garde contre les effets d’une série de réformes menées sans concertation. Quatre ans et plus de 500 mesures plus tard, le syndicat a collecté les « impacts concrets pour les agents et les usagers » et publie dans un Livre noir de la RGPP les « conséquences dévastatrices de ces réformes ».

Entouré des responsables syndicaux de diverses branches, Jérôme Capdevielle a présenté l’ouvrage. © Photos M.-S.H.

Ce recueil a été présenté jeudi dernier par déclinaisons locales. A Perpignan, le secrétaire adjoint de l’union départementale, Jérôme Capdevielle, avait réuni les représentants syndicaux de différents secteurs très largement impactés dans les P.-O. par la RGPP, « cette gangrène de la fonction publique ». « On applique une logique comptable, une logique de tondeuse à gazon pour raboter sans discernement, a dénoncé Jérôme Capdevielle. La RGPP tue, au propre comme au figuré. Si rien n’est fait, on se dirige vers une fonction publique low-cost. Et de cela, on ne veut pas ».

A SAVOIR

LES CONSÉQUENCES DANS LES P-O

FINANCES PUBLIQUES : Déjà fermé le mercredi après-midi Bernard MARTI et Claude MICOLAU, de la direction départementale des finances publiques, décrivent « un personnel au bord de la crise de nerf, en colère, sous pression ». « 2 départs en retraite sur 3 ne sont pas remplacés, uniquement pour satisfaire les marchés financiers. Alors que la fraude fiscale dans ce pays est assez élevée, il aurait été pertinent de mener une véritable politique de lutte contre ces abus ». Et les syndicalistes d’égrener des chiffres : – 20 emplois en 2010, – 30 emplois en 2011, – 40 emplois envisagés pour 2012… » D’ores et déjà, pour faire notre travail, nous sommes amenés à fermer les mercredi après-midi au public. Les heures d’ouverture se réduisent, alors l’argument d’un « meilleur service », ce n’est pas vrai ».

HÔPITAL : « Au bord de la rupture » Congés maladie inférieurs à 30 jours non remplacés, personnel rappelé sur ses congés, budgets indexés sur l’activité effective de la structure… « C’est une situation dramatique » que décrivent Sadia Sarehane et François Sanchez. « Et nous ne voyons pas d’issue immédiate aux problèmes. Nous allons vers un système de santé à deux vitesses, et il en faut très peu aujourd’hui pour que la machine soit cassée. Mais nous, c’est de l’humain que nous traitons ! Et nous refusons que le patient soit déshumanisé, qu’il devienne un simple produit à traiter ».

ÉDUCATION NATIONALE : la destruction du système public « C’est un plan social qui ne dit pas son nom », dénonce FO. « 26 suppressions de postes d’enseignants dans le primaire à la rentrée 2011, avec pour conséquence une réduction de la formation des enseignants, 236 suppressions sèches chez les assistants de vie scolaire, augmentation des élèves en collège et en lycée, suppression de deux postes équivalents temps plain de conseillers principaux d’éducation… C’est la destruction du système public d’éducation ».

POLICE NATIONALE : 40 policiers par 24h à Perpignan « Avec la RGPP, ce sont 130 postes qui ont été supprimés dans les P-O toutes directions confondues. A Perpignan, ville de 120 000 habitants, il n’y a que 40 fonctionnaires en poste par 24 heures, dont 20% sont des adjoints de sécurité, qui n’ont ni la formation ni les prérogatives des policiers, et qui sont payés au SMIC ». FO dénonce également le recours de plus en plus marqué à la réserve civile et donc aux retraités de la police pour pallier le manque d’effectifs. LA POSTE : « Le levier, c’est l’emploi » « Nous sommes un peu à part, car nous sommes devenus une Société Anonyme ce qui implique que nous ne faisons plus partie de la fonction publique, même s’il reste beaucoup de fonctionnaires chez nous, explique Pascal Kohler. Mais une SA doit faire des bénéfices, et comme le courrier est en perte de vitesse face à l’e-mail, le levier, c’est l’emploi ». Résultat, La Poste dispose actuellement de 17 000 « points de contact » à travers l’Hexagone, dont 6000 sont des agences postales communales ou chez d’autres commerçants. « Ce qui se fait également dans les P-O. Prochainement, les agents de Saint-Féliu d’Amont et de Bouleternère vont être remplacés par du personnel communal… ».Un désengagement partiel auquel s’ajoute le recours aux CDD et aux intérimaires, « qui a pour objectif de faire atteindre la barre des 200 000 emplois en 2015 ».

L’indépendant – Édition du 11 octobre 2011

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