À période exceptionnelle, opération exceptionnelle. Le syndicat FO de l’AP-HP, aux côtés d’autres syndicats, a mis en place une campagne d’affichage. L’objectif est d’expliquer aux patients, mais aussi à la population de passage et aux touristes, qui sont les responsables de l’état de délabrement de l’hôpital public. Et ce alors que la revendication d’une prime de 2 000 euros pour tous, exigées par les syndicats, n’a toujours pas été entendue.
Pourquoi les patients des établissements hospitaliers de l’AP-HP doivent-ils attendre parfois des heures aux urgences, et pourquoi auront-ils d’autant plus à le faire cet été alors que la capitale accueille les JO ? Qui sont les responsables ? Pour répondre à ces questions, mais aussi informer les usagers et les touristes qui fréquenteront les établissements, le syndicat FO de l’AP-HP, avec d’autres, a déployé une large campagne d’information à travers des tracts et affiches.
Soyez certains que les personnels des hôpitaux de Paris s’efforceront de vous apporter tous les soins dont vous aurez besoin. Cependant, il faut que vous sachiez qu’au cours des dix dernières années 4 031 lits ont été supprimés et que le personnel est passé de 116 000 à 87 000, peut-on lire sur les affiches, traduites en espagnol, anglais, allemand, mandarin et arabe. Le constat est le même, un peu plus angoissant chaque jour : Les urgences sont saturées. L’hôpital public est au bord de la rupture.
Une campagne pour mettre la responsabilité où elle est vraiment
Surtout, le texte souligne la responsabilité de l’exécutif dans cette situation. L’objectif est de mettre la responsabilité où elle est vraiment, souligne Vincent Martin, délégué FO à Cochin et secrétaire général adjoint du syndicat FO de l’AF-HP. Alors que le personnel de l’AP-HP est souvent aux premières loges pour recevoir le mécontentement des usagers constatant la dégradation du service public, il faut rappeler qui sont les vrais responsables de la situation ! insiste-t-il.
Depuis quelques jours, les militants ont donc commencé à coller des affiches sur des supports et devant les murs des établissements de l’AP-HP. Et non à l’intérieur, pour éviter l’interdiction de la direction !, précise Vincent Martin. Les premiers retours sont positifs. Les collègues qui nous ont vus coller sont venus nous voir pour encourager notre démarche, estimant que nous avions raison de pointer les responsables. Les affiches et leur traduction seront rassemblées dans un petit livret, afin que celui-ci puisse être distribué aux patients.
Une prime de 2 000 euros pour tous
Alors que la capitale s’attend à recevoir entre 11 millions et 15 millions de visiteurs cet été, les capacités d’accueil des établissements de l’AP-HP, souffrant de sous-effectif, inquiètent. Dans quelques services cibles, des lits supplémentaires ont été ouverts, mais cela reste insuffisant, souligne Vincent Martin. Or, FO, aux côtés d’autres organisations syndicales, n’a eu de cesse de demander des embauches et l’amélioration des conditions de travail et de rémunération, pour cette période exceptionnelle.
Exigeant une prime spécifique pour les JO de 2 000 euros pour tous, les syndicats avaient fait circuler une pétition qui a atteint plus de 10 000 signatures, souligne le militant. Lorsqu’ils ont porté la pétition à leur direction, celle-ci est restée sur ces positions. Il avait été décidé que, seulement dans les services ciblés, les personnels pourraient obtenir une prime à condition de travailler 5 jours par semaine durant les JO, et de renoncer aux trois semaines de congés consécutives, indique Vincent Martin. Par ailleurs, cette prime est différente en fonction du statut, allant de 800€ bruts pour les agents de catégorie C, jusqu’à 2 500€ bruts pour les médecins. Une mesure discriminatoire, s’indigne FO.
Entendus mais pas écoutés
Face à une direction qui ne les écoute pas, les organisations syndicales ont exigé une audience auprès du ministère de la Santé. Après 15 jours et de nombreuses relances, ils ont obtenu un rendez-vous le 13 juin. Le ministère (…) a fait part du fait qu’il nous entendait, indiquent les organisations dans un communiqué. Mais, pour l’intersyndicale, cette réponse est loin de suffire : Les personnels hospitaliers ne veulent pas être entendus, ils veulent être écoutés, ils veulent les 2 000 euros pour tous.
C’est suite à l’absence de réponse que les syndicats, dont FO, ont informé le ministère qu’ils en appelleraient aux patients, à la population et aux touristes avec des affiches. Car pour eux, il demeure important d’informer les personnes qu’ils soignent. D’ailleurs, les affiches se terminent par ces quelques mots : Soyez pour autant persuadés que le personnel hospitalier fera tout son possible pour être fidèle à sa vocation : vous apporter les meilleurs soins possibles.