Jean-Claude Mailly, Secrétaire général de FO, revient dans un livre sur la loi Travail et fustige l’attitude du président de la République.
Après les quatre mois de mobilisation contre la loi Travail, Jean-Claude Mailly, le secrétaire général de FO et adhérent du PS depuis 1986, a pris sa plume et l’a trempée dans le vitriol. Intitulé Les Apprentis sorciers : l’Invraisemblable histoire de la loi Travail [1], ce livre, qui sort le 30 novembre, dévoile les coulisses d’un accouchement au forceps de la plus grande réforme sociale du quinquennat. Une charge sans concession contre le président de la République.
Le Parisien
Vous réglez vos comptes avec François Hollande ?
Jean-Claude Mailly. Ce n’est pas l’objet, mais j’ai trouvé toute la séquence de la loi Travail hallucinante. Sur la méthode, et surtout sur le fond. J’ai côtoyé trois présidents de la République : François Hollande est celui qui parle le plus du dialogue social et qui en fait le moins.
Il n’y avait pas matière à écrire un livre sous la présidence Sarkozy ?
Il ne s’est jamais dit de gauche ! La loi Travail, c’est le non-respect du code du travail, le passage en force avec le 49.3 pour imposer un projet ultraminoritaire. Comment est-ce possible, de la part d’un président de la République dit de gauche ? Un président qui en octobre 2015 s’est posé en rempart à l’inversion des normes et qui quatre mois plus tard l’impose dans le projet de loi ! François Hollande a menti par omission. Le social n’a jamais été sa tasse de thé. Il s’est coulé dans le moule d’une politique néolibérale, sans jamais l’assumer.
Vous semblez ménager Manuel Valls. Pourquoi ?
Pas spécialement. Malgré un comportement autoritaire, il a une culture républicaine. Il a exécuté ce que lui a demandé le président.
Vous accusez la CFDT de connivence avec le gouvernement. Un tel déballage peut-il réconcilier les salariés avec le syndicalisme ?
Avec Laurent Berger, nous avons deux conceptions très différentes du syndicalisme. J’affirme qu’il y a eu un deal entre le président de la République, les pouvoirs publics et la CFDT, ce n’est pas moi qui l’invente, c’est François Hollande lui-même qui me l’a dit.
Le seul qui trouve grâce à vos yeux, c’est Philippe Martinez, le patron de la CGT…
Ce n’est pas le seul. Qu’est-ce qui compte dans une relation avec un interlocuteur, que ce soit un syndicaliste, un politique, un patron, au-delà des positions de fond ? C’est de savoir si l’on peut avoir une relation de confiance. Pendant le conflit, Philippe Martinez et moi, on ne s’est pas fait de coup tordu.
Le fait d’être adhérent au PS n’a-t-il pas rendu les choses plus difficiles entre vous et François Hollande ?
Je suis adhérent, à titre personnel, comme l’étaient mes prédécesseurs. Ça ne change rien aux positions que je prends en tant que secrétaire général de FO. La preuve !
Propos recueillis par Catherine Gasté
Source: Éditoriaux de jean-claude Mailly