Isabelle : À FO, les coiffeuses défendent les coiffeuses


Isabelle Lardit, 52 ans, coiffeuse, dirige un salon Franck Provost dans la galerie d’un hypermarché près de Bordeaux. Élue FO depuis 2011 au CSE de l’entreprise regroupant les salons du groupe Provalliance dans l’agglomération, elle est devenue déléguée syndicale en janvier.

P our la réouverture le 28 novembre du salon Franck Provost, qu’elle dirige dans la galerie marchande d’Auchan à Bouliac, près de Bordeaux, Isabelle Lardit a choisi de faire l’ouverture… et la fermeture, pendant une semaine. Soit 8h30-20h30. Je ne voulais pas laisser l’équipe en galère. Elle a mal vécu la reprise après le premier confinement, entre la peur d’attraper le virus, l’afflux de clients, le travail masqué et contraint par le protocole sanitaire, explique la coiffeuse, nouvelle déléguée FO sur le périmètre des quinze salons (une centaine de salariés) que détient le groupe Provalliance dans l’agglomération.

Elle n’a pas hésité une seconde, non plus, lorsqu’elle s’est vu proposer en janvier 2020 de reprendre le flambeau de sa collègue DS, licenciée pour inaptitude après l’avis du médecin du travail. Ce mandat de DS, à 52 ans, c’est le prolongement de dix ans d’implication au comité social et économique, dont elle est secrétaire depuis 2011. C’est une réelle fierté de lutter pour améliorer les conditions de travail des coiffeuses, de les représenter, souffle-t-elle. Le métier a tellement besoin d’être revalorisé.

 Elles ne lâchent rien

Isabelle Lardit en sait quelque chose, elle qui a failli jeter les ciseaux en 2007, la quarantaine arrivant, après vingt-quatre ans dans de petits salons en ville, éreintée par le travail débout et un revenu proche du Smic. Elle a débuté à 15 ans, comme apprentie. Après la faillite du salon l’employant, elle imagine se reconvertir, fait des essais comme agent de surveillance de cantine et de service hospitalier, mais rempile. À l’Espace coiffure de Bouliac, sa candidature spontanée a débouché sur un CDI. Elle y découvre une équipe de 17 salariés pour pouvoir ouvrir six jours par semaine et de meilleures conditions, dont deux jours consécutifs de repos hebdomadaire. Mais le vent tourne dès le rachat du salon par Provalliance, six mois plus tard. Un chiffre dit tout : le salon fonctionne avec sept salariés à ce jour ; quatre postes sont vacants.

Les élections professionnelles de 2011 seront un tournant pour la non-syndiquée. Des collègues m’ont incitée à me présenter pour les élections de DP. Elle rejoint la liste FO. C’est l’unique syndicat dans l’entreprise, et le plus représentatif dans le secteur. À FO, ce sont des coiffeuses qui défendent les coiffeuses. Elles ne lâchent rien pour obtenir la revalorisation, vitale, des salaires que les patrons refusent, précise la DS, égrenant les avancées obtenues ici ces dernières années : la prise en charge des outils de travail (peigne, sèche-cheveux…), la prime de présentéisme sous la forme de trois jours de congés par an, la « box anniversaire » (un shampoing et un soin gratuits).

Depuis la crise sanitaire, Isabelle Lardit constate un repli des salariés. La peur de perdre son emploi écrase les revendications par rapport au pouvoir d’achat, aux amplitudes horaires. Aucun salon n’a retrouvé le niveau d’activité d’avant la crise. Dans certains, il y a cinq heures de chômage partiel par semaine et par salarié. Combative, la déléguée y voit l’occasion renouvelée de montrer aux salariés ce qu’apporte FO : Un soutien et un accompagnement pour faire respecter, et progresser, leurs droits. Une force, résume-t-elle.


Source: Éditoriaux de jean-claude Mailly

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