Il y a cent ans : le traité de Versailles


Ils ont gagné la guerre, ils vont perdre la paix. Les traités signés en 1919-1920 sont porteurs de tous les ingrédients de nouveaux conflits. Vingt ans plus tard la Seconde Guerre mondiale éclatait.

Le président américain Wilson, pour éviter une nouvelle guerre, voulut mettre en place une organisation internationale capable d’éviter de nouvelles déflagrations. La Société des Nations (SDN) voit le jour en février 1919. Mais de retour dans son pays, le même mois, l’homme du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes est désavoué par le Congrès et les États-Unis retournent à leur isolationnisme. Privée de cet important soutien, la SDN ne sera qu’un spectateur impuissant de la dégradation des relations internationales.

En même temps, les vainqueurs de l’Entente ouvrent la Conférence de la paix à Paris le 29 janvier 1919. Cette conférence va déboucher sur la signature de cinq traités de paix pour régler le statut des vaincus (Allemagne, Autriche, Hongrie, Bulgarie, Empire ottoman) entre septembre 1919 et août 1920. Mais n’oublions pas le chapitre 13 de la Conférence de la paix, qui va aboutir, grâce à la pression des syndicats, à la fondation de l’OIT (Organisation internationale du travail) le 11 avril 1919.

L’Allemagne paiera

La France de Clemenceau, saignée à blanc par la guerre, veut faire rendre gorge à l’ex-Reich. L’Allemagne devra abandonner l’Alsace-Lorraine, se verra imposer une sorte de protectorat français sur la Sarre et le Pays Rhénan, mais surtout perdra une grande partie de son territoire à l’est avec la renaissance de la Pologne. Les diplomates-géomètres-pyromanes vont couper l’Allemagne en deux avec une Prusse orientale enclavée dans la nouvelle Pologne. C’est le fameux couloir de Dantzig, élément déclencheur de la Seconde Guerre mondiale en septembre 1939 quand Hitler envahit la Pologne.

En faisant payer 150 milliards de marks-or à la République de Weimar, le traité de Versailles, signé le 10 janvier 1920, va empêcher la reprise économique du pays. D’autant que, mécontente, la France occupe la Ruhr de 1923 à 1925 pour s’approprier charbon et acier, de force. Cette paupérisation des Allemands, liée à l’humiliation nationale de la perte d’un tiers des territoires, va faire le lit des nazis. Les soldats démobilisés en novembre 1918, devenus « lumpenprolétaires », vont rallier, pour certains, les Corps francs d’extrême droite, écrasant la révolution allemande en 1918-1919, puis rejoindre le parti de Hitler, qui dès la fin des années 1920 sera financé par le grand capital allemand qui veut sortir des sanctions de Versailles. Les autres traités vont organiser la naissance de deux nouveaux pays au cœur de l’Europe : la Tchécoslovaquie et la Yougoslavie, sans régler le brûlant problème des minorités qui mettra le feu au Vieux Continent dès 1938.


Source: Éditoriaux de jean-claude Mailly

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