Alors que la Chine resserre progressivement son emprise sur la « région administrative spéciale de Hong kong », un procès vient de condamner quatorze militants, en violation du droit international.
Quatorze militants syndicaux et prodémocratie hongkongais ont été jugés coupables de complot en vue de subversion. Un crime passible de la perpétuité depuis que Hong kong s’est dotée d’une loi de sécurité nationale, renforcée en mars 2024. La peine exacte qui leur sera infligée n’est pas encore connue. Parmi eux, Winnie Yu, présidente de l’Alliance des employés de l’Autorité hospitalière (HAEA), incarcérée depuis mars 2022 pour avoir participé à des élections primaires en juillet 2020 visant à sélectionner des candidats aux élections du Conseil législatif.
Deux accusés ont été acquittés. Trente-trois autres avaient plaidé coupable dans l’espoir de voir leur peine réduite. Leur sort n’est pas connu à ce jour. Carol Ng, ancienne présidente de la confédération des syndicats de Hong kong (HKCTU) et du syndicat des personnels de bord de British Airways, est par ailleurs toujours détenue depuis plus de trois ans pour les mêmes motifs.
Une loi qui devrait être abrogée
La décision judiciaire a immédiatement provoqué des réactions internationales. Le secrétaire général de la confédération syndicale internationale, Luc Triangle, a rappelé que la CSI exige la libération immédiate de tous les syndicalistes, dirigeants syndicaux et militants arrêtés sans motif valable en vertu de cette loi injuste. La poursuite de syndicalistes, sous couvert de la sécurité nationale, pour avoir exercé leurs activités en toute légitimité est une violation flagrante des normes internationales du travail. Même position du Haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk, qui a précisé : Cette législation ne respecte pas les obligations de la Chine à l’égard de la législation internationale sur les droits de l’homme. Elle devrait être abrogée et, entre-temps, ne pas être appliquée.
Depuis 2020, au total 292 personnes ont été arrêtées, 195 ont fait l’objet de poursuites et 71 ont été condamnées. La confédération des syndicats HKCTU et l’HAEA ont été contraints à la dissolution, respectivement en 2021 et 2022. Et le Comité de la liberté syndicale de l’OIT (CLS) a exigé à maintes reprises la libération de Carol Ng et Winnie Yu, déclarant que leur détention prolongée constitue une entrave à l’exercice de leurs droits syndicaux.
Derniers épisodes répressifs en date : huit personnes ont été arrêtées pour avoir appelé à commémorer le 35e anniversaire du massacre de Tiananmen. La plupart ont été remises en liberté sous contrôle judiciaire. Elles restent accusées de sédition, un délit passible de sept années de prison. Par ailleurs le gouvernement a annulé les passeports de six militants en exil au Royaume-Uni (parmi lesquels Christopher Siu Tat Mung, syndicaliste), pour la capture desquels il avait déjà proposé une récompense d’un million de dollars hongkongais (119 000 euros). Des proches, demeurés dans l’ancienne colonie britannique ont été interpelés et accusés d’avoir soutenu financièrement les dissidents.