Grégory Bauchet, 31 ans, est délégué syndical FO dans l’usine Adler Pelzer (ex-Faurecia) de Saint-Quentin, dans l’Aisne. Lors des NAO qui se sont achevées mi-février, lui et son équipe ont arraché à la direction le versement du treizième mois. Depuis cette victoire, les adhésions au syndicat se multiplient.
C ’est en étant déterminé à améliorer les droits des salariés que Grégory Bauchet, 31 ans, s’est lancé dans le combat syndical. Il a été embauché en 2016 chez l’équipementier automobile Faurecia à Saint-Quentin (site racheté en février 2023 par le groupe allemand Adler Pelzer), après un bac pro de technicien d’outillage et une première expérience en chaudronnerie. Technicien outilleur, il assure la maintenance des outils de presse, des engins qui pèsent entre 500 kilos et 9 tonnes et qui servent à fabriquer par thermoformage des plages arrière et l’habillage intérieur des voitures.
En 2019, ulcéré par l’attitude du patron envers les salariés, il adhère à FO, syndicat majoritaire, pour faire quelque chose. C’était surtout le syndicat le plus proche de mes valeurs et le plus à l’écoute des salariés, explique-t-il. Il accepte de figurer sur la liste FO et est élu une première fois. En mai 2023, à l’occasion des élections professionnelles, l’équipe doit être renouvelée et l’union départementale de l’Aisne, à laquelle la section syndicale de l’usine est rattachée, lui propose de devenir délégué syndical. Ça a été une surprise et ça m’a fait peur, je n’avais pas le droit à l’erreur, avoue-t-il. Mais fort du soutien de l’UD et d’un ancien élu, il se lance. Ça me plaît de résoudre des problèmes avant d’en arriver au conflit et d’être à l’écoute des salariés, explique le militant.
Il monte une liste qui remporte haut la main les élections avec six sièges sur huit. On s’est réparti les rôles avec une tâche par poste, et tout le monde est parti en formation, explique-t-il. Il apprend à négocier, se plonge dans le Code du travail, et réalise que le CSE n’a pas été consulté sur le bilan annuel de l’entreprise. Il monte alors au créneau, lance une expertise comptable…
On va se battre sur tout
C’est sur la base de cette expertise qu’il arrache, lors des NAO de février dernier, l’octroi du treizième mois à tous les salariés, après une séance de négociation marathon de sept heures et sous la menace d’une grève qui promettait d’être très suivie. Depuis des années, nous étions le seul site Faurecia sans treizième mois, j’avais promis d’y remédier, et je savais que c’était viable financièrement pour l’entreprise, explique-t-il. Depuis cette victoire, le nombre d’adhésions à FO ne cesse de grimper.
S’il donne du fil à retordre à la direction, Grégory voit dans cette première année d’engagement syndical un sacrifice personnel qu’il ne regrette pas.
On en a fait beaucoup en peu de temps, j’ai dû mettre ma vie de famille de côté, j’ai passé des soirées au téléphone et dans les papiers, reconnaît le papa d’une petite fille de deux ans. Mais on a reboosté les salariés qui n’avaient rien eu en vingt-deux ans. Lui a le soutien de son équipe, de l’UD et des adhérents. Sans eux, on n’est pas grand-chose, explique-t-il.
Le militant a depuis retrouvé un rythme de vie plus normal, mais il n’en abandonne pas pour autant les combats. Et on va se battre sur tout, les droits ne viennent pas à nous, il faut aller les chercher, estime-t-il. Parmi ses récentes victoires, le syndicat a fait en sorte que les tapis de sol continuent d’être portés par deux salariés et non pas un seul, comme l’a tenté la direction. Il a aussi négocié par accord la mise en place de la retraite progressive. Et il a même fait passer de deux à huit le nombre de cafés offerts chaque mois aux salariés, car il n’y a pas de petit combat.