Gare de fret de Cerbère : une société espagnole épinglée mais le mal est fait

Francis Grau et Jérôme Capdevielle, de FO. PHOTO/© D.R

L’inspection du travail vient de confirmer que l’entreprise espagnole qui a remporté le marché des manœuvres au sol en 2011, provoquant la perte de 50 emplois côté français, ne respecte pas la législation.

Amère satisfaction pour l’union départementale FO. Par un courrier reçu il y a deux semaines, les syndicalistes ont vu leurs soupçons de concurrence déloyale sur le site de la gare de fret de Cerbère confirmés. « Slisa : travail dissimulé par dissimulation d’activité et dissimulation d’emploi salarié. ECR : recours au travail dissimulé ».

Le courrier de la direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (Direccte) est on ne peut plus clair concernant les infractions au code du travail relevées à la gare de fret.

50 emplois supprimés

Mais, pour FO, il est déjà trop tard : ce procès-verbal ne fera pas revenir les 50 emplois supprimés sur le site. « Cette affaire illustre parfaitement les procédés du dumping social, déplore Francis Grau, délégué du personnel (FO) de Cerbère. L’ouverture à la concurrence ferroviaire en France, le noyautage du marché par Euro Cargo Rail, filiale du leader allemand Deutsche Bahn, et enfin, le marché des manœuvres au sol attribué par ECR à l’entreprise espagnole Slisa. Qui a fait travailler ses salariés en France sans respecter la législation française », détaille le syndicaliste.

« Le problème, c’est que cela a entraîné une perte de trafic pour Fret SNCF qui a conduit à une restructuration drastique, faisant passer les personnels sur le site de 76 à 26… Evidemment, les premières victimes de ce système sont les salariés, français comme espagnols ».

« L’aboutissement de cette affaire, c’est que plus d’un an après, on a guéri un mort. Certes, on reconnaît que nous avions levé un lièvre, mais aujourd’hui les emplois ne sont plus là », déplore Jérôme Capdevielle, secrétaire général FO 66.

« Mais cette affaire démontre aussi le manque de franchise de la SNCF, que nous avions avertie de ce qui se passait à Cerbère, et qui nous renvoyait à la problématique de la libre concurrence. En réalité, cette situation les arrange puisqu’elle permet d’arriver aux objectifs de restructuration sans en être à l’origine… ». L’union syndicale compte se constituer partie civile en vue d’éventuelles poursuites engagées contre Slisa et ECR.

L’Indépendant – Edition du 3 septembre 2013 (Barbara Gorrand)

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