France Travail : IA et automatisation pour pallier le manque de moyens

Au 1er janvier 2025, en application de la loi Plein emploi, tous les demandeurs d’emploi, y compris les allocataires du RSA, les jeunes inscrits auprès des missions locales et les travailleurs en situation de handicap, seront automatiquement inscrits à France Travail. Et le versement du RSA sera conditionné à quinze heures d’activité obligatoire, ce qui nécessitera un accompagnement renforcé pour un public particulièrement éloigné de l’emploi. Paradoxalement, alors que la charge de travail va mathématiquement augmenter pour les agents du fait de ces nouvelles missions, ce sont des suppressions de postes qui se profilent au sein du service public de l’emploi. On nous parle de gains d’efficience supplémentaires avec des réductions ou des redéploiements d’effectifs à hauteur de 2 300 postes équivalent temps plein travaillé (ETPT) en 2027 et un triplement des contrôles de recherche d’emploi sans renforts, soit l’équivalent de 600 ETPT, alerte Natalia Jourdin, déléguée centrale FO à France Travail.

La militante s’est battue pour obtenir ces informations, qui ne figuraient pas dans le document transmis aux syndicats en amont d’un CSE central extraordinaire le 28 août. Il n’y avait rien sur les conséquences des orientations stratégiques sur l’activité, l’emploi, l’organisation du travail, la GPEC. La direction a peur de dévoiler ses cartes car elle sait que ce qui se prépare est gravissime, explique Natalia Jourdin, qui rappelle que le CSEC n’a pas été consulté sur les orientations stratégiques depuis… 2019, malgré une obligation triennale.

Il est urgent de donner à l’institution un budget adapté à ses missions

Sur proposition de FO, le CSEC vient de voter une demande d’expertise, à l’unanimité moins une abstention. Sont notamment attendus des éléments sur les effets du recours croissant à l’intelligence artificielle (IA) et à l’automatisation pour ces fameux gains d’efficience. En juillet, FO avait condamné la volonté de plus en plus décomplexée d’introduire l’IA dans tous les actes métiers, y compris ceux à forte valeur ajoutée comme l’analyse de poste. Natalia Jourdin redoute le remplacement à terme de la dimension conseil du métier.

On ne veut pas que demain, le métier de conseiller consiste à trier des demandeurs d’emploi, tandis que l’orientation se ferait par l’IA, prévient la militante. Pour FO, en aucun cas l’IA ne peut justifier une quelconque baisse d’effectifs. Au contraire, il est urgent de donner à l’institution un budget adapté à ses missions, ses enjeux, au travers en particulier d’effectifs largement revus à la hausse. Natalia Jourdin alerte aussi sur la souffrance vécue par les agents du fait de la méthode de travail et la dégradation du service rendu aux demandeurs d’emploi. Elle s’appuie sur une étude menée par plusieurs chercheurs en 2023, et parue en août sur le site de la Dares. Ces travaux définissent scientifiquement ce que nous dénonçons depuis longtemps : la déshumanisation de la relation du fait de l’automatisation, les injonctions paradoxales pour faire à la fois de la qualité et de la quantité, la pression sur les salariés, les transformations continues…

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