La préfecture évoque seulement « 1 100 manifestants ». Quoi qu’il en soit, la colère était au rendez-vous. Témoignages.
Selon les syndicats à l’initiative du mouvement, ils étaient « plus de 3 000 » à défiler dans les rues de Perpignan ce mardi matin. « Objectif atteint, estime le secrétaire départemental de FO, Jérôme Capdevielle. La participation est en augmentation par rapport à la mobilisation du 5 février dernier. » Le patron de la CGT66, Jean-Claude Zaparty, acquiesce. « Cette manifestation est une réussite », assure-t-il.
La préfecture évoque pour sa part seulement « 1 100 manifestants ». Mais le cortège n’en restait pas moins impressionnant. De la santé aux douanes, en passant par les cheminots, les pompiers, les agents des collectivités, ou encore ceux de Pôle emploi, les salariés des services publics étaient omniprésents.
« 40 % des instits en grève »
L’Éducation nationale était particulièrement bien représentée. Et pour cause : selon le syndicat d’enseignants SNUipp-FSU, « environ 40 % » des instituteurs des Pyrénées-Orientales étaient en grève ce mardi. Une vingtaine d’écoles du département n’ont pas pu ouvrir leurs portes en ce jour de mobilisation nationale.
Les enseignants du premier degré en ont visiblement gros sur la patate. « Nous sommes impactés par la réforme Blanquer qui doit passer au Sénat en avril, indique Ghislaine, qui officie en maternelle dans une école perpignanaise. Le problème de cette loi, c’est qu’elle crée des regroupements d’écoles autour des collèges avec la volonté de supprimer des postes au détriment de la qualité d’enseignement. Nos enfants méritent mieux que ça ! »
Overdose de réformes
Les agents des collectivités territoriales sont de leur côté remontés contre la réforme de la fonction publique que le gouvernement projette de mettre en œuvre. Tout comme les salariés de la répression des fraudes. « Ce sont surtout les suppressions de postes qui posent problème, lance Mireille. En 1991, les P.-O. recensaient une cinquantaine d’agents de la répression des fraudes. Nous ne sommes plus que 14 aujourd’hui. Par ailleurs, dans le cadre du programme Action publique 2022, nous sommes une nouvelle fois en restructuration, même si on ne sait pas sous quelle forme ça va se faire. »
Artistes en lutte
Même les artistes ont battu le pavé perpignanais hier. Eux sont vent debout contre une autre réforme en cours d’élaboration : celle de l’assurance chômage. « Ils veulent réduire nos droits et nos allocations pour faire des économies, dénonce Pascal, un régisseur son perpignanais de 47 ans. Et ça concerne tout le monde, pas seulement les intermittents. On se bat pour l’ensemble de l’assurance chômage. »
À noter : quelques dizaines de Gilets jaunes ont également marché aux côtés des syndicats. « Sans convergence des luttes, on n’aura que des miettes, se justifie l’un d’entre eux, Gabriel, un retraité de 65 ans. Et puis on a un ennemi commun : la finance représentée par la clique qui nous gouverne. » Les ennemis de mes ennemis sont mes amis, qu’ils disaient.
L’Indépendant – Mercredi 20 mars 2019 – Arnaud Andreu