Initialement, la journée de grève intersyndicale le 5 décembre dans la fonction publique s’annonçait comme un avertissement lancé au gouvernement Barnier. Des fédérations FO ont appelé à cette journée (ainsi FO-Finances, la FAGE FO, la FEETS, ou encore la FSMI) et au-delà, nombre de militants FO du public, tels ceux du secteur de l’éducation (de la FNEC FP-FO), s’y sont joints. Pour FO en effet, cette journée était l’occasion d’exprimer au gouvernement la demande de retrait de mesures attaquant les fonctionnaires et contenues, notamment, tant dans le projet de loi de finances (PLF) pour 2025 que dans celui de financement de la Sécurité sociale (PLFSS). Il était donc question de le dire… avant l’action majeure décidée par FO-Fonction publique, soit trois jours consécutifs de grève, les 10, 11 et 12 décembre, cela s’étoffant de la recherche d’une portée interprofessionnelle et par ailleurs accompagnée d’un dépôt de préavis courant tout le mois de décembre.
Des mois d’attaques incessantes
Le renversement du gouvernement le 4 décembre a bien sûr chamboulé ce programme, en modifiant la tonalité dès ce 5 décembre. Ainsi, les fédérations FO participant à cette journée, notamment par un rassemblement devant Bercy à Paris, ont rappelé leur désapprobation de la politique menée ces derniers mois ― pour ne pas dire plus ― vis-à-vis des agents publics et lancé un avertissement au prochain gouvernement. Il lui faudra faire autrement : sur l’emploi et sur les salaires notamment. Et mettre un arrêt aux attaques incessantes des droits des agents publics. Depuis la rentrée de septembre, elles arrivent en cascade : nouveau gel du salaire indiciaire, absence de financement de la Gipa (garantie individuelle de pouvoir d’achat) en 2024 et système non prévu l’an prochain. Suppression nette de plus de 2 000 emplois. Projet de porter de un à trois le nombre de jours de carence en cas d’arrêt maladie et de diminuer de 10 % l’indemnisation de ces derniers. Retour du projet visant une loi d’efficacité de la fonction publique, mais sans plus de moyens… Mais, par la motion de censure votée par les députés, entraînant le rejet du PLFSS et la mise à l’arrêt du PLF, toutes ces mesures et projets passent aux oubliettes.
L’appel à tous à rester mobilisés
Et maintenant ?, interrogeait toutefois avec prudence FO-Fonction publique le 5 décembre. Si, en l’absence d’interlocuteurs ministériels, l’union interfédérale a décidé de suspendre son appel à la grève les 10, 11 et 12 décembre, cela ne signifie pas pour autant l’arrêt des actions ni l’absence de leur soutien. Le 6 décembre, la confédération a d’ailleurs apporté son soutien à toutes les initiatives et mobilisations déjà décidées par ses syndicats, ses unions départementales et ses fédérations. Elle invitait tous les militants et les travailleurs à rester mobilisés. À l’Éducation, dès le 5 au soir, la FNEC FP-FO, qualifiant cette grève de puissante, avec notamment 200 000 manifestants en France, appelait à poursuivre le mouvement dès le 6, puis les 10, 11 et 12. La FNEC FP-FO sera aux côtés de tous ceux qui disent Nous continuons !, écrivait la fédération. Le secteur de la santé privée appelait lui aussi aux 10, 11 et 12, la FEETS, de son côté, indiquait : À contexte exceptionnel, vigilance renforcée (…), la FEETS-FO appelle les agents publics à se tenir prêts à bondir si la situation l’exige ! FO-Fonction publique, rappelant les revendications, dont une hausse immédiate du point d’indice (de 10 %), l’ouverture de négociations sur la grille des salaires et l’arrêt des suppressions de postes, a appelé toutes ses structures à rester mobilisées. Plus largement, elle lançait un avertissement solennel au prochain gouvernement : reconduire des mesures anti-fonctionnaires relancera immédiatement un nouvel appel à la grève. FO-Fonction publique a déposé un préavis de grève courant du 1er janvier au 31 mars 2025. Voilà le prochain gouvernement d’ores et déjà prévenu !