Un saisonnier occupe en moyenne 3,3 postes par an, contre 1,6 poste pour l’ensemble des salariés, tous contrats confondus, indique Michel Beaugas, secrétaire confédéral FO chargé de l’emploi. Et 40 % des contrats saisonniers ont une durée inférieure à un mois. Autant dire que ces travailleurs précaires sont particulièrement impactés par les réformes de l’Assurance chômage imposées par l’exécutif depuis 2021. La durée minimale de travail requise pour ouvrir des droits a ainsi bondi de quatre à six mois. Quant à la période de rechargement des droits, elle est passée de un à six mois. Or avec le dérèglement climatique, à la montagne ou pour les travaux agricoles, une saison ne dure plus six mois et c’est de plus en plus dur pour les saisonniers d’être indemnisés, alerte Michel Beaugas.
L’entrée en vigueur des nouvelles règles repoussée
Pire, comme pour tous les salariés dont les contrats sont entrecoupés de périodes de chômage, les jours non travaillés sont désormais pris en compte pour calculer le salaire journalier de référence (SJR), ce qui a fait baisser le montant de l’allocation. Pour un saisonnier, le manque à gagner est de plus de 140 euros sur un mois, selon un récent chiffrage de l’Unédic.
Pour améliorer l’accès de ces travailleurs à une indemnisation chômage, FO revendique un retour aux règles de la convention Unédic de 2017, avec une ouverture de droits dès quatre mois d’affiliation, un rechargement des droits dès un mois de travail et aucun décompte des jours non travaillés dans le calcul du SJR.
La négociation interprofessionnelle sur l’Assurance chômage, qui s’est achevée mi-novembre, a répondu en partie à ces demandes. En effet, pour les saisonniers, la durée minimale d’affiliation pour être indemnisé a été abaissée de six à cinq mois. La création d’une filière dédiée leur permet d’être mieux identifiés. Par ailleurs, le plafond de la prise en compte des jours travaillés dans le calcul du SJR a été réduit de 75 % à 70 %, entraînant une revalorisation de l’indemnisation.
Reste que l’entrée en vigueur de ces nouvelles règles, initialement prévue pour le 1er janvier 2024, vient d’être repoussée de six mois par le gouvernement, qui refuse d’agréer en l’état l’accord trouvé par les interlocuteurs sociaux.