Au fil de quelque vingt-cinq interventions denses et parfois techniques à la tribune du XXIe congrès de FO Finances qui se tenait en octobre à Branville dans le Calvados, les délégués FO de la fédération ont dressé des bilans et montré toute leur détermination à faire aboutir leurs revendications en vue d’obtenir de nouveaux droits pour les personnels, mais aussi leur détermination à s’opposer aux réformes destructrices du Service public. Ils ont montré aussi tout autant leur engagement dans un travail syndical permettant d’amplifier encore l’audience de FO. Parole de militants.
Marre d’être considérés comme de la dette publique à résorber !
Il y a actuellement une précarisation du Statut des agents fulminait à la tribune du congrès Christian Pernot (section FO Finances Vaucluse) mettant en lien direct ce phénomène avec la rémunération au mérite, soit une individualisation du salaire déjà exacerbée par les modalités du système Rifseep (régime indemnitaire créé en 2014). La part des primes dans la rémunération est selon les secteurs autour de 30 à 40% dans la Fonction publique. Des primes non prises en compte dans le calcul de la pension. Mais pour le ministre, Stanislas Guérini, ce système ne va pas assez loin !
Dans le secteur des Finances indiquait Yves Raich pour la section FO du Rhône après six années dans la carrière, le poste de contrôleur risque de se retrouver au niveau du Smic en janvier prochain (par la revalorisation de celui-ci, Ndlr). Le gouvernement utilise l’inflation pour Smicardiser les fonctionnaires fustigeait le militant notant qui plus est qu’il n’y a plus de réalité de régime indemnitaire favorable. Le ministre, Stanislas Guérini, en visite à Lyon en septembre, n’a consacré que deux minutes à parler de la paie… sur un discours de 35 minutes s’indignait-il.
Il y en a marre d’être considérés comme de la dette publique à résorber ! lançait pour sa part Marie Dall’Osto-Atasavun (section FO DGFIP de Paris) référence à l’évocations depuis de longues années et par les différents exécutifs du « coût » ou « poids » dans les dépenses publiques des salaires dus aux emplois publics. Une rengaine qui tente de justifier la réduction de ces emplois, au mépris des besoins.
Stop aux carrières individualisées et qui stagnent !
Pour Solange Saïdi (FO Centrale-Bercy), les batailles qui restent à mener sont notamment sur les promotions, la défense des droits des agents, le soutien dans leurs carrières… et il faut toujours combattre car en administration centrale (7 800 agents à Bercy) comme ailleurs, les représentants de l’administration tentent de faire passer en force dans les instances les projets de réformes. Les syndicats de Bercy ont ainsi obtenu le bonus CIA (complément indemnitaire annuel) étendu aux agents de catégories B et C avec une fourchette allant de 1 900 à 2 300 euros. A été obtenu aussi après une longue bataille l’augmentation de rémunération pour les agents de sécurité/les pompiers avec une hausse moyenne de 200 euros de la rémunération. Obtenue aussi la généralisation de la prise en compte des heures supplémentaires pour les agents du site Pierre Mendès-France, ce qui acte une égalité de traitement entre tous les agents.
Gaëlle Levite représentant le SNaTEI-FO (syndicat national des techniciens supérieurs des ministères de l’Économie et de l’Industrie) évoquait elle aussi le problème de progression dans la carrière pour ces agents de catégorie B dont la majorité travaillent au sein du ministère de la Transition écologique, aux questions d’environnement et à la Sécurité routière, et cela en travaillant dans les DREAL, mais aussi à la métrologie, au sein des DREETS, les Directions régionales de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités. Les contrôle sur le terrain sont notre quotidien indiquait la militante expliquant la difficulté de ce positionnement impliquant plusieurs ministères. Les mutations sont tendues, les promotions fondent comme neige au soleil. Nous voulons des changements importants, nous proposons, et nous continuons à nous battre pour sauver notre corps. Et notre revendication est claire : nous voulons être reconnus comme un corps de catégorie A, donc en adéquation totale avec nos missions.
Réformes et sans moyens : la perte de sens et le burn-out nous guettent
Stéphanie Darrigrand du syndicat national FO des ingénieurs de l’Industrie et des Mines (le SNIIM-FO) qui représente 86% de ce corps de catégorie A, pointait une complexification du travail des agents » des « vacances de postes toujours plus développées, les réorganisations successives qui se soldent par des missions toujours plus importantes pour les agents, toujours moins nombreux. Et de souligner : la perte de sens et le burn-out nous guettent.
Les réformes qui n’ont cessé d’impacter douloureusement depuis vingt ans la Fonction publique et notamment le secteur des Finances, les délégués n’auront de cesse de les condamner, à commencer par la super-réforme du 6 août 2019, autrement dit la loi de Transformation de la Fonction publique dont FO demande le retrait. Nicole Burlot de la section FO Finances des Côtes d’Armor en dénonçait les conséquences, entre autres celles découlant de la mise à mal des CAP vidées de leur substance. C’est la suppression de tout moyen de contrôle des organisations syndicales concernant la carrière (mutations, promotions) des agents.
Le chemin de la contractualisation à tout-va
Au rôle des CAP s’est substitué le système des lignes directrices de gestion, autrement dit une mainmise de l’administration sur la carrière, et en toute subjectivité. La militante rapportait un exemple récent : cinq collègues ont été lésés sur leur mutation dans le secteur des Finances dans le département. Hélène Ségault, secrétaire générale du syndicat FO de l’Insee lançait pour sa part à la tribune : on va tous travailler pour défendre notre République sociale, nos statuts. Rappelant la baisse des effectifs à l’institut – passés de plus de 6 000 en 2020 à 4 800 actuellement – elle fustigeait le mouvement de morcellement et de privatisation des services. Des services entiers ferment, comme deux sites Insee (à Lyon et Saint-Quentin en Yvelines) dédiés aux enquêtes dans la sphère du tourisme, l’Insee assume que la place soit prise par des organismes privés. Et pointait-elle, à l’Insee où FO se maintient en audience et a créé de nouvelles sections, comme aux Antilles, c’est le chemin de la contractualisation à tout-va dans les postes, notamment chez les enquêteurs, véritables chevilles ouvrières à l’Insee. On se bat pour qu’ils aient un vrai statut, une vraie reconnaissance de leur travail qui demande beaucoup de compétences.
Restructurations, fusions ou éclatements de services… Les dégâts
Sophie Mahé (personnels des laboratoires) rappelait ainsi l’annonce en 2022 de la fin du contrôle de sécurité alimentaire par la CCRF et là Bruno Le Maire a découvert qu’il y avait des laboratoires au sein du service de sécurité alimentaire ! indiquait la militante avec humour. Mais le bilan est moins amusant. Alors que d’une grande partie des onze laboratoires d’État avaient pour la sécurité alimentaire des plans de surveillance bien rodés, les contrôles sont désormais à la main de la DGAL (direction de l’Alimentation), qui fait appel à des laboratoires semi-publics. Bilan : nous allons perdre l’activité analytique, donc des fermetures de sites sont déjà dans les tiroirs. D’ores et déjà, l’activité prélèvement vient d’être soumis à appels d’offres. Le service des laboratoires est en réorganisation profonde avec risque de suppressions de postes. On nous propose une gouvernance partagée avec la DGAL, ce qui comprendrait un partage de budget.
On recrute des apprentis et des contractuels sur des courtes durées
Alors notait-elle en substance, que le budget est déjà insuffisant tout comme les effectifs, il est difficile de maintenir des activités de contrôles au sein du SCL (le service commun des laboratoires d’État). On a 373 agents sur onze sites. On recrute des apprentis et des contractuels sur des courtes durées au détriment des recrutements des personnels par concours. Ce qui a à voir bien sûr avec l’attractivité quand les salaires, rappelle la militante, stagnent par exemple autour du Smic pendant dix ans pour les agents de catégories B et C. Cerise sur le gâteau, par l’effet là encore d’une réforme, les agents passent une visite médicale que tous les deux ans, et non plus annuellement alors qu’ils sont en contact avec des risques chimiques s’indignait Sophie Mahé.
Des ordres et contre-ordres récurrents
Représentant le secteur de la CCRF (concurrence, consommation et répression des fraudes), Emilie Patteyn soulignait elle la situation plus qu’inquiétante dans son secteur. A tout niveau, les agents CCRF déplorent une perte de sens dans l’exercice de leurs missions face à des ordres et contre-ordres récurrents et un flou dans le périmètre des missions depuis désormais plusieurs années. Si FO demande un abondement en effectifs, (…) désormais l’urgence est à pourvoir les postes qui nous sont offerts !. Depuis des années les difficultés de recrutement sont en effet notables dans ce secteur où une véritable chaîne de commandement fait toujours défaut. Rien d’étonnant donc au trouble des agents expliquait la militante dont le syndicat exige le maintien de l’ensemble des implantations départementales et infra-départementales.
Comme dans le privé, l’obligation d’atteindre des « objectifs »
Une lutte incessante dans cette administration où les agents sont aux prises avec les réformes incessantes tant structurelles que des missions et le manque de revalorisation des salaires. Et d’évoquer le poids des indicateurs CCRF, soit des objectifs à atteindre comme dans le privé, de fustiger les mutualisations (de services, Ndlr) multiformes à outrance, lesquelles ne sont que la réponse à une pénurie d’effectifs et qui délitent les conditions de travail des agents (stress, fatigue des trajets, surcharge de travail…). Et il faut ajouter du point de vue de la gestion des ressources humaines, la question du sort réservé aux agents, soit les deux-tiers du secteur, placés au sein des DDI (directions départementales interministérielles). La création de secrétariats généraux communs aux directions n’a fait que compliquer la gestion RH, en créant des différences aberrantes de traitements et en étant en rien une RH de proximité.
Le secteur semi-public, un tube à essai de réformes !
A l’agence française de développement (AFD), bras armé financier de l’État en matière de développement dans les pays en voie de développement, dans les pays à revenu intermédiaire mais également dans les DOM et dans les COM (collectivités d’outre-mer) détaillait Jean-Michel Keravel, FO est restée le premier syndicat. A l’AFD (qui est un Epic) on lutte pour le pouvoir d’achat soulignait le militant fustigeant les simulacres de CSE, consultatifs, à partir de 2018, dans un secteur semi-public, en fait au trois-quarts privé précisait-il avec humour. Et de lancer aux fonctionnaires participant au congrès : la seule chose que nous avons en commun avec le public, c’est finalement le gel du point d’indice !. Le secteur semi-public est un tube à essai de réformes, s’indignait-il. Cela s’accompagne de la perte de droits syndicaux, de simulacres de négociations, à travers une réforme de statut, de la diminution de droits, tel l’abaissement des indemnités de licenciements
Des CDD de six mois, un an… payés 1 500 euros
A la caisse des Dépôts (CDC), institution financière publique créée en 1816, la situation des 6 500 personnels dont 2 500 salariés sous statut privé n’est pas plus enviable expliquait Véronique Garçonnet, secrétaire depuis 2020 de la section FO. Cent-cinquante fonctionnaires par an partent en rupture conventionnelle et financière et à cette situation, il faut ajouter 2 000 départs à la retraite depuis deux ans. Des personnels remplacés par des contractuels de droit public, des CDD de six mois, un an… payés 1 500 euros. FO qui leur négocie des droits, dont à la mutuelle, remarque que la pérennisation des postes ne se fait pas. Cela est dû notamment à l’objectif de digitalisation des postes dans les différentes directions de la Caisse des Dépôts. Et de citer la menace sur 300 postes de fonctionnaires dans l’une d’elle.
Dominique Delpouy (syndicat FO de la Banque de France/BdF) soulignait à part à la CDC où il reste des fonctionnaires, dans tous les autres secteurs (Ubi-France, UGAP…) il n’y en a plus, dont à la Banque de France. Ce qui se passe dans le secteur semi-public vous arrive un jour ou l’autre, à vous fonctionnaires lançait-il devant le congrès citant les difficultés de recrutement, les plans successifs sur l’emploi, avec pour conséquences la perte de 25% des emplois à la BdF depuis 2015, la réforme des retraites qui a supprimé le régime spécial de la BdF…
DGFIP : une administration qui se délite
Florence Javelot, de la section FO DGFIP du Finistère, n’y allait pas par quatre chemins concernant l’effet des restructurations : jamais nos services n’ont été autant impactés. Ils sont submergés avec des files d’attentes sur le bitume qui battent tous les records et les contacts par mails et téléphones ont explosé. Il n’est pas étonnant que les agents de la DGFIP soient écœurés. Ils notent que l’administration ne va pas dans le bon sens. De jeunes agents diplômés et fraîchement recrutés pensent déjà à quitter cette administration d’élite qui aujourd’hui se délite. Il faut arrêter les restructurations, renforcer les moyens et il faut une légitime reconnaissance des personnels par la rémunération ainsi qu’une amélioration des conditions de travail. Pour gagner ces combats, cela passe par l’action syndicale et l’augmentation des effectifs syndicaux indiquait-elle.
Responsabilité financière des gestionnaires publics : nous avons toujours combattu cette réforme systémique
Pour FO Cour des comptes, Patrick Lalande rappelait les réformes internes d’ampleur ces deux dernières années dans les juridictions financières, ce qui a profondément transformé leurs missions soulignait-il et changé les conditions de travail de l’ensemble des personnels. Parmi ces réformes, celle sur la mission juridictionnelle. Depuis le 1er janvier 2023, une réforme a instauré un régime unifié de responsabilité financière des gestionnaires publics. Et ces derniers sont justiciables devant une seule et même chambre, celle des contentieux de la Cour des comptes afin d’instruire et juger les affaires. Ne seront plus sanctionnées par des amendes que les fautes graves notamment celles ayant causé un préjudice financier important. Désormais toute personne dans la chaîne financière peut être sanctionnable et la responsabilité de chacun pourra être recherchée et pas seulement celle du comptable public.
Nous avons toujours combattu cette réforme systémique, d’autant plus qu’elle ne concerne pas les élus locaux, ni les ministres, pourtant responsables de décisions pouvant mettre en difficulté les gestionnaires publics. Mais, expliquait encore le militant cette nouvelle mission ne décolle pas et de réelles difficultés à l’intégrer dans la programmation des chambres existent. Notamment en raison de délais très contraints sur d’autres missions et de l’absence de directives claires de la part de la Cour. Nous espérons que l’évaluation à terme de cette nouvelle mission ne sera pas prétexte par ricochet à soulever à nouveau le débat sur la séparation des rôles entre ordonnateur et comptable. Et Patrick Lalande d’indiquer que 45 dossiers sont en cours d’instruction dont 14 concernent des comptables publics et la majorité proviennent d’anciennes procédures. Et 75 nouvelles procédures ont été prononcées, ce qui est très faible comparé au nombre de phases contentieuse, trois à quatre fois supérieures, auparavant en rythme de croisière.
Toutes les réformes qui ont compliqué notre vie professionnelle
André Cléty de l’UNSP-FO, union nationale des syndicats professionnels des ministère économiques et financiers, regroupant les syndicats des ingénieurs de l’Industrie et des Mines (le SNIIM-FO) et les techniciens supérieurs des ministères de l’Économie et de l’Industrie (le SNaTEI-FO), listait lui toutes les réformes qui ont compliqué notre vie professionnelle. Et la liste, non exhaustive, est longue : fusion des régions, disparition des CHSCT, perte de puissance des CAP, réduction drastique du nombre de nos élus, réorganisation incessante de nos services déconcentrés – dans les DREETS, DDI avec la création de secrétariats généraux communs (avec les préfectures, Ndlr), réforme de la PSC qui pourrait amener chacun à devoir changer de mutuelle à chaque mutation en changeant de ministère.
Après Lubrizol 50% de contrôles en plus mais sans renforts supplémentaires
Le militant y ajoutait une réforme nouvellement annoncée, dans le cadre d’une réorganisation de missions sur la base d’une fusion de l’autorité de sureté nucléaire (ASN) avec l’IRSN (l’institut de radioprotection et de sureté nucléaire). Comment fusionner deux entités dont l’une représente une autorité et l’autre une expertise technique ! Tout cela est-il un moyen de calmer les experts et de passer outre les recommandations de spécialistes sur la filière nucléaire ? interrogeait-il notant aussi qu’ailleurs, les camarades, relevant des DREAL (directions régionales de l’environnement, de l’aménagement et du logement) se battent eux pour la sécurité de nos installations industrielles, dont celles classées Seveso. Et André Cléty d’appeler à se souvenir de l’incendie de l’usine de produits chimiques Lubrizol à Rouen, il y a quatre ans. Incendie qui avait entraîné aussi un nuage toxique. Depuis ? On demande à nos agents d’effectuer 50% de contrôles en plus mais sans renforts supplémentaires et avec une augmentation de plaintes et de contentieux engagés par les riverains.
Douanes : l’aberration de la fuite des missions
Aux Douanes, deuxième administration au sein du secteur des Finances rappelait Salvatore Lunesu (syndicat national des cadres des Douanes/SNCD-FO), rendant hommage lui aussi à la fédération et à Philippe Grasset qui a œuvré pour le collectif, et qui est issu des Douanes, ces dernières années se sont déclinées sous le signe des conflits sociaux. En 2019 (deux mois de conflit) et 2022, les douaniers se sont ainsi opposés à de nouvelles réformes/restructurations. Certes ces journées d’action ont permis des avancées pour les agents mais on voit toutefois le résultat de ces réformes au plan social. Selon l’observatoire interne, les résultats sont calamiteux.
Par ailleurs, plus largement, l’attaque des missions fiscales de la douane (qui compte les secteurs des opérations commerciales et de la surveillance) via le transfert de la plupart de celles-ci à la DGFIP est une aberration du point de vue des finances publiques. Ainsi la gestion et le recouvrement de la TVA à l’importation a été transférée des Douanes vers la DGFIP. On nous avait déjà fait le coup en 1993 avec la fin de la perception par les Douanes de la TVA aux frontières intra-communautaires du pays. Et le militant de citer un chiffre émanant de l’OLAF (Office européen de lutte anti-fraude) : 30 milliards d’euros de perte annuelle de TVA depuis 1993 ! par cette mesure.
Ce n’est pas en nous mettant des bâtons dans les roues que nous pourrons continuer de lutter contre les grands trafics
Salvatore Lunesu rappelait que l’aberration de ces transferts de missions vient notamment du fait que la DGFIP n’a pas les moyens de faire face à l’arrivée de ces nouvelles missions. Sauf à aggraver encore la charge de travail des agents de cette direction. Dans ces restructurations, le code des Douanes a été changé. L’article 60 (deux lignes relatives au champ et motivations du contrôle, Ndlr) du code des Douanes (créé en 1948) a été invalidé par le Conseil constitutionnel (en septembre 2022, Ndlr) et remplacé (effectif depuis septembre dernier) -probablement par le choc de simplification de l’administration…– par un article de deux pages ! Pour aider les douaniers à contrôler, ce n’est pas la panacée ! La raison d’une réduction du champ du contrôle proviendrait-elle du fait que nos dirigeants estiment qu’il n’y a plus de trafic ? interroge le délégué. Nous nous voyons au contraire plus de trafics. Ils explosent ! Et ce n’est pas en nous mettant des bâtons dans les roues que nous pourrons continuer de lutter contre eux.
Nous faisons de la comptabilité depuis 1791 !
Et le militant de noter que certaines directions régionales et interrégionales des Douanes sont énormément fragilisées au plan des effectifs. En Seine-Saint-Denis il n’y a que seize douaniers en uniforme dans le département. Alors qu’a lieu une recodification du code des Douanes, un récent rapport de l’IGF (Inspection générale des Finances) ajoute aux interrogations et même à la colère. Partial et de mauvaise foi, il indique que les douaniers ne font pas de comptabilité ! C’est une très grande surprise pour nous puisque nous en faisons depuis 1791 (date de la création de la régie nationale des Douanes, Ndlr), au minimum ! ironisait le militant.
Des propos qu’appuyait Emmanuelle Prégent, elle aussi du secteur des Douanes et s’interrogeant sur la pérennité du secteur alors que le transfert des missions fiscales va se poursuivre jusqu’en janvier 2027. On nous dit que l’on n’a pas à être dans le réseau comptable de l’État, qu’on ne sait pas percevoir les droits et les taxes ?! On nous appelait cependant les gabelous, donc ceux percevant la gabelle, impôt sur le sel dans l’Ancien régime !
Et la militante de fustiger un salaire et des primes gelées depuis des années, des effectifs toujours plus réduits à la douane volante à laquelle on confie cependant des nouvelles missions. Ainsi, depuis septembre, des contrôles à Paris dans le métro sur le motif qu’il n’y a pas assez de force de l’ordre ! Les agents de la région parisienne viennent aussi de se voir notifier l’interdiction de prendre leurs congés annuels à l’été 2024, obligés de travailler pendant toute la période des Jeux olympiques. Et Emmanuelle Prégent de pointer la fuite des moyens : Dans trois ans, les Douanes n’auront plus de pilotes d’hélicoptères, ni de pilotes d’avions pour les opérations de reconnaissance en mer. A force de réduction de budget de fonctionnement et de personnels, ce qui cloue au sol les agents de surveillance chargés de veiller à nos territoires et à notre sécurité, on a tout détruit !
La politique d’accueil des usagers est abominable
Il y a une saignée dans les effectifs et dans une proportion intenable. A croire que c’est une obsession pour le gouvernement, lançait devant le congrès Yves Raich (section FO Finances du Rhône). Et le militant d’illustrer ce que peut signifier sur le terrain la réduction de voilure des services de l’État. Concernant la politique immobilière, la cité administrative d’État de Lyon, la plus grosse de France, avait un bâtiment principal, comprenant l’Insee et la DGFIP, de 50 000 m2. Le nouveau bâtiment, c’est la maquette de l’ancien, en format 1/3, puisqu’il fait 16 à 17 000 m2 ! La politique d’accueil des usagers du service public des Finances publiques est abominable avec des files d’attente interminables. On a tellement réduit le nombre de structures ouvertes dans le département (25 trésoreries fermées dans le Rhône) que ce site est pris d’assaut. Des gens, parfois très âgés, attendent dehors. On assiste à une tiers-mondisation du Service public
A la DGFIP ça craque de partout
La DGFIP, où 26 000 emplois ont été supprimés en douze ans ou encore un tiers des effectifs supprimés en 25 ans ainsi que la moitié des implantations indiquait Olivier Brunel, le secrétaire général du syndicat FO, part pour un nouveau record : elle sera la seule administration en 2024 à avoir un schéma d’emplois négatif avec notamment 600 emplois supprimés dans le réseau. Les effets on les connait : aucune mission n’est épargnée.
La lutte contre la fraude fiscale (évaluée à 100 milliards par an environ) par exemple ? C’est sans quasi-moyens supplémentaires en effectifs. La réforme du Nouveau réseau de proximité qui a entre autres remplacé des implantations de plein exercice par des points contacts avec des services partiels et parfois non permanents ? Elle se traduit en fait par : ni réseau, ni proximité assène le militant évoquant aussi des services de gestion comptables qui n’en peuvent plus…
Face à cette situation il faudrait renforcer la seule administration qui finance toutes les autres ! Or, ce n’est pas ce qui se passe mais une démission collective. A un moment, les décideurs devront en prendre la mesure. Dans cette direction où est désormais défini un cadre d’objectifs et de moyens, l’ambition c’est seulement de consolider. C’est dire la réalité ! La difficulté, la réalité, c’est que la DGFIP craque de partout. Il y a une volonté d’abattre la colonne vertébrale financière de l’État tandis que la richesse de notre administration des Finances publiques, la seule, c’est que tout repose sur la conscience professionnelle, l’engagement des agents. Et FO ne cesse de porter la revendication d’une reconnaissance de cet engagement.
Les agents, épuisés, commencent à s’exprimer
A la DGFIP, l’Observatoire interne n’est même plus calamiteux… On est lanterne rouge sur tous les items ! Cela signifie qu’après avoir supporté la situation pendant très longtemps, après par exemple avoir compensé par des congés non pris les suppressions d’emplois qu’on nous imposait tous les ans, soit l’équivalent de 2 000 ETP… les agents, épuisés, commencent à s’exprimer sur cette situation plus que dégradée. Et c’est accablant pour la direction générale. Alors note Olivier Brunel, on voit ressortir du management toxique, des pressions… L’administration sombre dans le caporalisme institutionnel et la machine tourne à vide. Il n’y a donc que le collectif syndical qui nous sortira de là même si l’administration s’efforce d’individualiser toujours plus les carrières, par les rémunérations au mérite….
Gagner par l’action syndicale et son travail de terrain
Nombre de délégués à la tribune évoqueront les résultats aux élections. Ainsi Sylvain Commençais (Section FO Finances de la Haute-Marne) soulignait les bons résultats au niveau local avec un siège supplémentaire gagné au niveau de l’action sociale (SDAS) et nous sommes passé 2e dans le département, devant la CGT. Les différents guides édités par la fédération dont ceux sur l’action sociale de même que celui sur le télétravail ont été très appréciés par les collègues indiquait de son côté Daniel Polesky de la section du Nord.
Sur l’île de Mayotte dans l’Océan Indien où sévit une crise de l’eau exacerbée par les manquements et dysfonctionnements des infrastructures publiques, ce qui aggrave toujours plus les conditions de travail tant des salariés du privé comme du public, FO Finances tient sa place développée depuis 2012, à l’époque d’une grève détaillait Nourdine Dahalani. Nous avons été premiers de 2014 à 2018. FO Finances est toujours à flot et FO Douane reste majoritaire. Oui, permanent ou pas, c’est le travail de terrain qui compte soulignait de son côté Sylvain Commençais de la Marne. FO se rajeunit, se développe, se renforce. C’est bon signe se félicitait de son côté Olivier Gaudron (section Finances de l’Orne) dont c’était le dernier congrès, avant de partir bientôt en retraite.
Travailler et coordonner nos efforts dans le collectif
C’est sur le thème du collectif que FO a fait campagne pendant les élections professionnelles et c’est par cela que l’on a progressé. C’est la voie pour les années à venir. Et il faut que nous progressions plus vite et plus fort. Et le fédéralisme, c’est du collectif martelait de son côté Olivier Brunel. Et le militant de mettre en garde les congressistes contre les incidences de la baisse du nombre de votants aux élections (-20% entre 2011 et 2022) et par voix de conséquences, les risques que cela fait peser sur les élections, leurs résultats. Et, donc, les moyens syndicaux. Si nous n’avions pas conservé notre 3e siège en CSA ministériel, cela signifiait perdre entre 25 et 30 ETP. Pour les élections de 2026, il ne dépend que de nous que les résultats aillent dans le bon sens. Et pour cela il faut travailler et coordonner nos efforts dans le collectif.