FO conforte son poids en Savoie


C’est sous la présidence du secrétaire général de la confédération, Yves Veyrier, que s’est déroulé le XXIVe Congrès de l’Union départementale (UD) FO de Savoie (73), à la salle du Manège, à Chambéry, le 15 novembre 2019. Il a vu la réélection de son secrétaire général, Pierre Didio.

Quelque 340 personnes emplissaient la salle du Manège, le 15 novembre 2019, à Chambéry, pour assister au XXIVe congrès de l’Union départementale des syndicats FO de Savoie, dont la résolution générale a été adoptée à l’unanimité. De nombreux invités étaient présents, dont, pour FO, le secrétaire confédéral Frédéric Souillot, plusieurs secrétaires généraux de fédérations, tels qu’Eric Peres (FO Cadres), Eric Becker, secrétaire fédéral à FO-Transports, chargé des remontées mécaniques et saisonniers, et une dizaine de secrétaires d’UD. Secrétaire général adjoint depuis 2006, Pierre Didio, qui avait succédé en novembre 2015 à Daniel Jacquier, a vu renouveler son mandat.

Combattre le bouleversement de nos droits collectifs et individuels

Comme en témoigne le rapport moral et d’activité de plus de cent pages, l’UD 73 n’a pas manqué d’activité : Pendant 4 ans, nous avons combattu le bouleversement de nos droits collectifs et individuels, autant pour la Fonction publique que pour le secteur privé. Jamais dans l’histoire du monde ouvrier, nous n’avons subi de telles attaques qui n’ont qu’un seul objectif : faire des économies sur le dos des salariés en réduisant leurs droits et ceux du citoyen a résumé Pierre Didio. Ce XXIVe congrès s’était d’ailleurs conclu par un appel conjoint de Pierre Didio et d’Yves Veyrier à la grève du 5 décembre contre la « réforme » des retraites. Depuis, l’UD a été en pointe dans plusieurs manifestations, avec une participation active et visible dans les récentes mobilisations en Savoie. L’UD, qui comprend neuf Union locales (UL), y a montré toute sa combativité. En quatre ans, elle a par ailleurs enregistré 26 nouvelles implantations. Pierre Didio a rappelé l’importance dans ce département aux étapes légendaires non seulement du Tour de France mais aussi d’autres épreuves telles que le Tour de Savoie Mont Blanc (anciennement Tour des Pays de Savoie), qui a été l’occasion en 2019 de distribuer en quatre jours d’étape quelque 6 500 goodies avec un lexique de 16 pages à destination des TPE.

Le poids de FO Savoie s’est aussi exprimé dans les urnes des dernières élections professionnelles : avec plus de 24% FO représente la deuxième organisation syndicale du département. Dans le privé, elle est très bien implantée dans les remontées mécaniques (FO-RMDS), les transports, et, entre autres, Carrefour (FGTA), où elle tient la première place. Toujours côté électoral, FO qui a vu renforcer sa présence à la MSA (mutualité sociale agricole), avec 41% chez les délégués cantonaux va repartir à la bataille lors du nouveau scrutin qui se déroulera du 20 au 31 janvier 2020. Du côté de la mise en place des CSE, les employeurs ayant attendu la fin de l’année 2019 pour organiser des élections, l’UD s’est retrouvée « bombardée » par les PAP (protocole d’accord préélectoral), jusqu’à 15 par jour à un certain moment. Au total, 437 PAP ont été négociés en quatre ans. Pierre Didio a d’ailleurs alerté sur le manque de négociateurs. Il a également insisté sur l’importance du service juridique et de l’AFOC, l’Association Force Ouvrière consommateurs, qui a fortement progressé en sièges. Si le service juridique a pu souffrir par le passé, Pierre Didio s’est félicité de la tournure prise depuis 2016. Grâce à la mise en place d’une convention avec une jeune avocate, 369 personnes ont ainsi bénéficier d’une consultation. Sur les 98 dossiers qui ont pu être portés aux prud’hommes, le taux de réussite est de 84% !

Des métaux très spéciaux…

L’année écoulée a été chargée dans le département, avec entre autres le conflit aux « Métaux Spéciaux » (MSSA), une entreprise où FO est majoritaire. Quelque 90% des salariés de l’entreprise ont participé à deux jours et une nuit d’une grève débutée le 21 mars 2019. Ils revendiquaient des revalorisations salariales après les bons résultats de l’entreprise l’année précédente. La détermination a fini par faire plier la direction avec qui fut alors trouvé un accord satisfaisant : Nous avons obtenu une prime pour le pouvoir d’achat de 1 000 € par salarié, une indexation sur l’inflation de la prime-vacances et une augmentation globale de 3 % des salaires. Mais cela n’a pas été sans mal : Lors de la nuit du jeudi au vendredi, nos camarades ont eu la très mauvaise surprise de se voir remettre, par des gendarmes, devant le piquet de grève, des réquisitions. En effet la Direction avait réussi à convaincre le Préfet de la situation préoccupante du site en ce qui concernait la sécurité. Or, la Direction ne cherchait qu’à pourrir le mouvement suivi par 90% du personnel et à poursuivre la production par le biais de réquisitions.

A FerroPem (ex-Pechiney Électrométallurgie et filiale du groupe espagnol Ferroglobe), la vigilance est de mise dans cette entreprise qui fabrique du silicium et emploie quelque 400 personnes dans le département. La délocalisation à l’étranger d’un produit rentable jusque-là fabriqué en Savoie aurait mis à mal les finances, entraînant chômage technique et, entre autres, difficultés avec les fournisseurs. FO est le premier syndicat dans cette entreprise dont le siège social se trouve en Espagne.

Le public sous pression

Lors de ce congrès, il a été rappelé combien FO était aux cotés des agents des Ehpad, pour le maintien de l’Ehpad Les Blés d’Or de Saint Baldoph dans le service public territorial et contre toute privatisation de tout établissement dans le département et pour l’application du ratio 1 agent pour 1 résident. Concernant « Les Blés d’or », la lutte de FO pour empêcher son transfert dans le privé a été une réussite. Cela n’a pas été sans un combat de deux ans, remporté le 31 décembre dernier quand une décision préfectorale a permis de garder dans la sphère publique cet Ehpad, ouvert depuis 1992 et n’ayant jamais connu de problèmes financiers tout en offrant des tarifs très raisonnables. Une victoire qui va bien au-delà, souligne Pierre Didio. Si le transfert d’activité était intervenu, le maire aurait dû reclasser le personnel et ainsi se débarrasser de fonctionnaires et ce par la voie juridique, un cas qui aurait pu faire école.

Autre point chaud : la CPAM (la Caisse primaire d’assurance maladie) de Savoie. Au sein d’une intersyndicale, FO avait appelé ses employés à la grève ainsi qu’à un rassemblement le 13 novembre 2018, devant le siège de Chambéry, qui a réuni près de 200 manifestants. Car, là, on remplace de moins en moins les personnels alors que le nombre d’assurés sociaux augmente ! La Direction pratiquerait une politique managériale qui dégrade les conditions de travail. Nous avons eu 3 ou 4 licenciements abusifs en 3 ans. Le climat est tendu depuis l’arrivée de la nouvelle Direction, il y a 3 ans. Une collègue de travail est en burn-out depuis plusieurs mois, des gens sont licenciés pour inaptitude après des années de travail. A cela s’ajoute des conditions de travail à l’accueil qui sont devenues explosives avec les assurés sociaux par le manque de personnel. Finalement, la Directrice de l’établissement a été mutée. Même si tout est loin d’être réglé, le climat social s’est bien amélioré. En outre, s’est félicité Pierre Didio, lors des dernières élections du CSE, on a vu pour la première fois le syndicat FO prendre la première place des organisations syndicales de la CPAM de Savoie.

Le congrès a revendiqué qu’il soit mis un terme aux suppressions d’emplois, à la privatisation, à la destruction de tous les services publics. Il a réitéré son opposition aux suppressions des bureaux de poste de plein exercice (…), des postes d’Atsem dans de nombreuses communes du département et notamment à Chambéry où 16 postes ont été supprimés en 2018. Il a également tenu à souligner son soutien au « combat des agents de la DGFIP qui refusent la fermeture des 22 trésoreries de plein exercice en Savoie dont la création annoncée des « maisons France Service » tentent de camoufler la liquidation. Toutes ces attaques se sont traduites en Savoie par la disparition de 150 emplois en 10 ans, a souligné Pierre Didio. D’où l’importance d’une UD en pleine force.


Source: Éditoriaux de jean-claude Mailly

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