FO assigne la DLPAJ devant le Conseil d’Etat


La situation sociale dans les casinos, et plus spécifiquement chez certains acteurs historiques, est absolument dramatique pour les salariés. Près de 200 licenciements sont notamment en cours dans le Groupe Barrière.

Aujourd’hui, nos emplois sont en danger par la mise en oeuvre d’une vision de l’avenir, rompant de manière brutale avec le modèle de casinos actuels, celui dans lequel nous exerçons au quotidien. Force Ouvrière n’a jamais été contre le changement, dès lors qu’il préserve les emplois, et renforce la sécurisation de nos entreprises. Le changement ne s’impose pas, il se construit avec les partenaires sociaux, seul gage pour éviter les peurs et résistances des salariés.

Le Groupe Barrière a décidé de s’orienter massivement vers la numérisation et l’automatisation faisant fi de nombreux emplois physiques, sacrifiés sur l’autel de la rentabilité. C’est en ce sens qu’il a décidé d’imposer cette transformation de manière unilatérale, sans autre forme de délicatesse. Une telle vision relève d’une conduite du changement absolument défaillante mettant directement en danger notre avenir professionnel. En effet, nos entreprises se caractérisent par la diversité de nos offres, la qualité de service au client, et une surveillance humaine sans faille.

Pour arriver à leur fins, ces « stratèges » du monde des casinos, réduisent les offres de jeu et suppriment des postes pourtant fixés de manière explicite et non équivoque par la règlementation des jeux.

C’est en ce sens que nous avons saisi la DLPAJ de ce dossier, demandant à cette instance de contrôle et surveillance, présumée neutre, de statuer sur la situation et de se positionner en faveur de la stricte application de règlementation des jeux. La DLPAJ est un service dépendant du ministère de l’intérieur, chargé notamment de préparer, d’appliquer la législation relative aux casinos et clubs de jeux (autorisation des établissements, rédaction de la règlementation des jeux …)

Nous avons eu droit à plusieurs réponses édulcorées, tendant systématiquement à donner une interprétation déviante et erronée des textes. Force Ouvrière considère que la règlementation est suffisamment précise, pour que l’organe en charge de sa rédaction ne veuille, de manière quasi incantatoire, lui faire dire totalement autre chose. Le procédé est pour le moins « malhonnête », surtout lorsque la DLPAJ évoque de possibles modifications à postériori, qui valideraient l’orientation libérale du groupe Barrière, et par voie de conséquence, les licenciements.

Cette interprétation hasardeuse, fondée sur l’infraction présumée d’un casinotier, et sur des règles non écrites, à été notifiée à tous les services de la DLPAJ, ainsi qu’au SCCJ (Service central des course et jeux, en charge de la surveillance des casinos) lui conférant de manière indéniable une portée relevant de l’orientation ou de la directive. C’est une position claire, frappée d’une étrange bienveillance vis à vis des casinotiers et faisant de l’infraction une source de droit.

Nous ne sommes donc plus dans un cadre de neutralité, et il est grand temps de dénoncer cette imposture qui dure depuis un certain temps. Il n’est pas si loin le « protocole portant sur la promotion du jeux responsable », négocié de gré à gré et dont les services du ministère, par principe d’amnésie collective, vont aujourd’hui jusqu’à nier l’existence ou la portée juridique.

C’est en ce sens que Force Ouvrière a décidé de saisir le conseil d’État, afin de demander l’annulation de cet acte, et par voie de conséquence, de tout l’argumentaire erroné développé par la DLPAJ.

Si notre requête est reçue, nous démontrerons que la DLPAJ, ne peut agir selon « le fait du prince », en s’affranchissant des règles qu’elle même établit. Cela repositionnerait une fois pour toutes les salariés au cœur des préoccupations.

Il en va de notre avenir à tous, car un casino ce ne sont pas que des personnels de jeux ou de machines à sous. Un casino est un ensemble indivisible d’activités, des jeux, de restauration, d’accueil, de sécurité, d’administration et pour certains d’hôtellerie et de thalassothérapie. Réduire l’activité d’un service, revient à diminuer l’attractivité de nos entreprises et diminuer le volume de notre clientèle. Nous serons donc tous impactés, car nous sommes interdépendants les uns des autres, indifféremment de nos fonctions respectives.

Force Ouvrière a toujours été vigilant sur le terrain des modifications règlementaires, et de leurs conséquences sur l’emploi. Afin d’obtenir une transparence absolue, nous demandons depuis des années la tenue d’état généraux des jeux, ou chacune des parties prenantes seraient présente, dans le cadre d’un débat contradictoire.

Aujourd’hui, la gravité de la situation implique que nous attaquions en justice le Ministère de l’Intérieur devant l’hypocrisie ambiante d’un discours assurément ambivalent.

Nous irons au bout de notre démarche, afin que l’avenir de notre secteur et de nos emplois, ne se décide plus dans le confort feutré de cabinets ministériels, ou de manière détendue autour de petits fours et coupes de champagne, lors des congrès de syndicats patronaux.

Notre congrès se tiendra en Octobre 2021 à Albi, et nous invitons d’ores et déjà la DLPAJ et le SCCJ à venir participer à nos travaux, tel qu’ils le font déjà pour les syndicats patronaux.

Nous irons au bout afin de défendre nos métiers contre toute tentative de destruction, y compris règlementaire.


Source: Éditoriaux de jean-claude Mailly

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