Par la loi de finances (promulguée le 14 février) et celle de financement de la Sécurité sociale (promulguée le 28 février), la sévérité sur les finances publiques est actée pour 2025, à coups de 49.3. Le déficit public devrait ainsi être ramené à 5,4 % du PIB, contre 6 % en 2024, vise le gouvernement qui maintient son objectif de 3 % du PIB en 2029. Cette année, les dépenses publiques seront abaissées de 32 milliards d’euros et les recettes devraient gonfler de 21 milliards. Les plus riches ne sont que légèrement impactés. Les ambitions ont été revues à la baisse par rapport au projet de loi initial, notamment sur la contribution sur les plus hauts revenus (CDHR) ou la contribution exceptionnelle sur les bénéfices, qui seront limitées dans le temps », souligne FO, constatant que « l’austérité revient par la fenêtre. Pas suffisant toutefois pour la Cour des comptes, dont le rapport du 13 février stigmatisait des dépenses en roue libre.
Un pilotage tout stratégique
La Cour, qui conçoit la nécessité d’un effort de 110 milliards d’euros d’ici 2029, désigne le rôle prépondérant d’une dérive du cœur de la dépense publique. Parallèlement, elle qualifie d’atones les recettes (impôt sur le revenu, TVA, impôt sur les société…) de 2024, avec un manque à gagner de 11,9 milliards d’euros. Et de relever une rupture [de recettes, NDLR] avec les baisses de prélèvements obligatoires mises en œuvre depuis 2018. Ce que souligne et déplore FO depuis huit ans. La rue Cambon ne dit mot en revanche du manque à gagner, 173 milliards d’euros, dû aux aides publiques aux entreprises, dont près de 80 milliards du fait des exonérations de cotisations sociales patronales. Cela alors qu’un coup de rabot limité à 1,6 milliard d’euros est prévu cette année. Le 3 mars, quatre jours après l’abaissement par l’agence américaine S&P de la perspective de notation de la dette française, le gouvernement a annoncé la création d’un comité d’alerte (comptant notamment les ministères de Bercy et des parlementaires), qui se réunira trois fois par an, dans le cadre du plan d’action pour le pilotage des finances publiques. Il a annoncé aussi la saisie systématique du HCFP (Haut conseil des finances publiques), ainsi que la création d’un cercle de prévisionnistes. Pour le ministre de l’Économie, Éric Lombard, ce plan de pilotage est d’importance, notamment au vu des nouvelles tensions internationales. L’Union européenne, explique-t-il, va devoir retrouver une autonomie stratégique accrue, on peut comprendre de défense, ce qui implique, poursuit le ministre, de dégager des marges de manœuvre budgétaires. Y compris nationalement semble-t-il, alors que le discours sur l’inexistence de marges de dépenses est martelé depuis des années.