L’équipementier automobile, qui fusionne deux grands pôles d’activité pour gagner en compétitivité dans l’électrification, a annoncé 1 150 suppressions de postes dans le monde, dont 800 en Europe et 412 sur les sites franciliens de Créteil, Cergy et La Verrière. En France, il s’agit du deuxième plan de réduction d’effectifs en six mois.
Pas de répit pour les salariés de Valéo en France ! Il y a six mois, en juillet, le groupe phare de l’équipement automobile français annonçait 89 suppressions de postes sur le site nordiste d’Amiens, au motif d’y localiser des technologies d’électrification des voitures, la production d’embrayages « à sec » pour les voitures thermiques étant partiellement délocalisée en Turquie. Le 17 janvier, rebelote. Valéo a présenté un nouveau plan de réduction d’effectifs, cette fois lié à la fusion de deux de ses quatre grands pôles d’activités. Un changement d’organisation qu’il motive par sa volonté de gagner en compétitivité dans l’électrification.
Officiellement détaillé lors d’un comité européen, suivi de comités sociaux et économiques (CSE) dans les établissements concernés, ce nouveau plan concerne 412 salariés des sites franciliens de Créteil (Val de Marne), Cergy (Val d’Oise) et La Verrière (Yvelines), opérant pour l’essentiel dans des fonctions « support ».
Des salariés toujours sous le choc
Valéo n’avait pas connu de PSE en France depuis plus de dix ans. Et voilà que la direction en annonce deux en moins de six mois. Cette accélération laisse envisager un avenir plus qu’incertain pour les sites français, commente Bertrand Bellanger, coordinateur FO Métaux de Valéo, qui anticipe une année noire pour l’emploi chez l’équipementier (13 000 salariés en France). Il se fait fort de rectifier, auprès des journalistes, la communication de l’équipementier qui minimise les conséquences en termes d’emplois. Plutôt que de 412 suppressions de postes, Valéo préfère parler de 235 suppressions de postes en net pour la France, déduction faite des recrutements annoncés concomitamment à son plan de licenciement…
Le militant décrit des personnels toujours sous le choc, quinze jours après les annonces. On savait que l’interdiction de vente de véhicules neufs à moteur thermique en Europe, à compter de 2035, aurait des répercussions sur l’emploi, précise-t-il. Des sites ont déjà fait leur conversion vers l’électrique. Mais on n’avait pas anticipé cette fusion des grands pôles d’activités, explique-t-il.
Bertrand Bellanger rappelle tous les efforts d’adaptation fournis par les salariés entre 2020 et 2022, d’abord pour maintenir l’activité pendant la pandémie, puis pour passer la crise des composants électroniques. Et, pour tout remerciement, Valéo les remercie aujourd’hui. C’est inadmissible !, commente-t-il.
Négociations du PSE : FO dénonce une direction trop pressée
Pour FO Valéo, troisième organisation syndicale du groupe, la direction du groupe est, à son habitude, trop pressée. Dès le 19 janvier, soit deux jours après les annonces en CSE, elle a débuté avec les syndicats les discussions sur un accord de méthode encadrant les modalités de négociation du plan social. Elle veut que ce dernier soit finalisé le 29 mars. Au départ, la direction voulait que les mesures du PSE (Plan de sauvegarde de l’emploi, NDLR) se négocient en deux mois. Nous avons déjà obtenu que la durée de négociation soit portée à deux mois et demi, précise le militant.
FO prendra tout le temps nécessaire pour que les solutions les mieux adaptées soient trouvées pour chaque salarié, assure-t-il. Sur le site de fabrications d’embrayages d’Amiens, les 89 suppressions de postes annoncées se sont traduites, au final, par 26 « licenciements secs ». Le reste du personnel concerné est reclassé dans l’usine amiénoise et dans celle d’Angers (Maine-et-Loire), en mobilité interne, ou il accepte de partir volontairement. Notre objectif est simple : préserver le maximum d’emplois, obtenir le maximum pour les indemnités et les mesures d’accompagnement des salariés, résume le coordinateur FO Métaux de Valéo.