Faites vos jeux, rien ne va plus : la privatisation de la Française des jeux


Socialiser les pertes, privatiser les bénéfices. Après les autoroutes, EDF, GDF, c’est désormais le tour de la Française des Jeux, l’ancienne Loterie nationale, une poule aux œufs d’or pour les finances publiques. Aperçu dans la presse.

Le Figaro

État des lieux avant liquidation. « Le gouvernement a donné, ce jeudi, [7 novembre] le coup d’envoi de la privatisation de la Française des Jeux (FDJ), en annonçant que la Loterie nationale pourrait être valorisée jusqu’à 3,8 milliards d’euros. Majoritaire avec 72% du capital, l’État compte réduire sa participation à 20%, conservant donc sa place d’actionnaire de référence. La fourchette de prix étant comprise entre 16,50 euros et 19,90 euros par action, il pourrait récolter entre 1,2 et 1,7 milliard d’euros ».

Les Échos

Le quotidien économique de préciser les ambiguïtés économiques de cette privatisation. « Du 7 au 20 novembre prochain, les Français pourront souscrire des actions de la Française des Jeux. L’occasion de redynamiser l’actionnariat populaire ? C’est ce qu’espère le gouvernement. Après 1986 puis dans les années 1990 et 2000, les grandes vagues de privatisation avaient joué un rôle clef dans la démocratisation des marchés boursiers. Le nombre d’actionnaires individuels était alors passé de 1,7 million en 1982 à un sommet de plus de 7,2 millions en 2007 ». Entre temps la crise financière de 2008 est passée par là, et le quotidien de préciser : « Il reste à savoir si l’opération séduction menée par l’État -qui compte tirer plus de un milliard d’euros de la privatisation- suffira à vaincre les réticences des particuliers ». Et d’ajouter justement : « Difficile toutefois de les faire rêver avec les performances boursières des dernières privatisations ». Le miroir aux alouettes !

Le Monde

« D’ordinaire, ce sont les joueurs qui font des paris. Là, c’est le gouvernement qui joue gros, avec la privatisation de la Française des Jeux (FDJ), première introduction à la bourse (IPO) de Paris depuis celle d’Électricité de France (EDF), en 2005. Les investisseurs institutionnels ne manqueront pas à l’appel, mais le président de la République, Emmanuel Macron, veut en faire aussi un succès populaire, dans un pays réfractaire aux risques inhérents à la détention d’actions ».

L’Humanité

« Faudra-t-il renommer la Française des joueurs en Bourse ? En plaçant la Française des jeux en tête de liste des entreprises à privatiser et en ouvrant ce jeudi la période de souscription des actions aux investisseurs institutionnels comme aux particuliers, le gouvernement a placé l’ex-Loterie nationale devant une double injonction. Financière d’abord : dégager le plus de sous possible, à priori autour d’un milliard, pour abonder le fonds de 10 milliards d’euros censé permettre à l’État d’investir dans les secteurs dits d’avenir ».

Les petits actionnaires d’Eurotunel le savent bien. Pour les apprentis « petits boursicoteurs », les jeux risquent d’être rapidement fait.


Source: Éditoriaux de jean-claude Mailly

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