[Exposition] Les invisibles de la Guerre froide : KGB et Stasi


Les puces de Saint-Ouen présentent plus de mille objets utilisés pendant la guerre froide par les espions venus de l’Est, les Soviétiques et les Allemands de l’Est. Voyage au pays des James Bond communistes.

Avec son discours de 1946, sur un rideau de fer qui s’est abattu sur l’Europe de la Baltique à l’Adriatique, Churchill annonce le début de la guerre froide. Cette dernière est officialisée un an plus tard par les Américains avec la doctrine Truman et le plan Marshall. Pas si froide que cela : guerre civile en Grèce et dans le nord de l’Iran, guerre de Corée, révolte ouvrière à Berlin, en Pologne, en Hongrie.

C’était l’époque de l’espionnage à l’ancienne, avant l’arrivée omniprésente et souvent inefficace de l’informatique, des satellites et autres technologies de pointe très chères. C’était l’époque du renseignement, du traitement des sources humaines, de l’infiltration des hommes et des femmes en chair et en os dans les dispositifs ennemis, des Mata Hari et des faux conseillers culturels. C’était l’époque des échanges de prisonniers à la nuit tombée sur le pont des espions à Berlin ou à Check point Charlie. Cette période reprise par la littérature et les grands films d’espionnage !

Gadgets à gogo

Cette exposition venant d’un fond privé présente plus de mille pièces souvent très rares. Il y a la fameuse machine soviétique Fialka servant à chiffrer les messages secrets, dix fois plus efficace que l’Enigma allemande. La Fialka n’a jamais été cassée par les ingénieurs de l’Ouest. C’était avant l’arrivée de la cryptographie algorithmique informatique. On trouve aussi nombre de mini appareils photos, caméras, magnétos, tout type d’émetteurs-récepteurs. Des gadgets à la Mister Q : des boutons de manchettes et des fausses pièces de dollar pour cacher les microfilms. Mais il y a aussi des uniformes d’officiers de ces deux services secrets, des décorations, des cartes d’identité professionnelles des agents, des documents, des livres et des photos où l’on reconnaît quelques maîtres espions dont le plus célèbre et le plus efficace fut sans nul doute Markus Wolf (1923-2006), Juif-allemand anti nazi qui organisa concrètement la Stasi et qui fut un proche de Gorbatchev sur la fin.

C’est dommage que la dame collectionneuse, qui n’a pas voulu révéler son nom, n’ait pas eu accès aux pièces de collections d’autres services de renseignements de l’Est, tout aussi efficaces et répressifs que le KGB et la Stasi. Si elle avait eu accès aux outils de la terrible KDC bulgare, les puces de Saint-Ouen auraient pu exposer les fameux parapluies ! Il existe déjà un petit musée de ce genre d’outils d’espionnage, mais de fabrication française. Malheureusement il est fermé au public car il se trouve dans un couloir de l’ancienne caserne du 1er régiment du train, devenue l’annexe du siège de la DGSE, boulevard Mortier.

 

« Les invisibles de la guerre froide : Kgb et Stasi » : Galerie Dauphine, premier étage du marché Dauphine, Puces de Paris-Saint Ouen, 132-140 rue des rosiers, 93400 Saint Ouen, métro Porte de Clignancourt ou Garibaldi. Samedi et dimanche, 10 h-18h, entrée libre.


Source: Éditoriaux de jean-claude Mailly

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