[Exposition] L’épopée métallurgique des Wallons suédois

Une exposition aux Archives nationales du monde du travail révèle un épisode peu connu de l’histoire du monde ouvrier : la migration de quelque 5 000 Wallons en Suède pour y développer la sidérurgie.

Des migrants sollicités et reconnus pour leurs compétences et leur expertise, c’est ce que montre une exposition, intitulée « Transfer, dépasser les frontières », actuellement installée, et jusqu’au 23 mars, aux Archives nationales du monde du travail à Lille.

Au XVIIe siècle en effet, la Suède a sollicité des ouvriers métallurgistes wallons, invités à venir faire profiter le royaume scandinave de leur savoir-faire. La Wallonie était à l’époque le centre sidérurgique de l’Europe et ces ouvriers maîtrisaient une technologie permettant d’obtenir un fer de meilleure qualité. Leur premier marché ? Construire un arsenal militaire au moment de la guerre de Trente Ans.

Quelque 5 000 Wallons ont à l’époque traversé la mer Baltique pour s’établir dans le sud de la Suède où des villages ont été spécifiquement construits pour eux. Ils sont considérés comme les pères de l’industrie métallurgique suédoise. Leurs forges ont fonctionné jusqu’au début des années 1920. Ils ont apporté, outre un savoir-faire professionnel, des avancées sociales alors inimaginables dans le pays : un système de prise en charge des travailleurs âgés et des veuves, un enseignement scolaire gratuit jusqu’à l’âge de douze ans, un salaire garanti en cas de maladie… Des apports qui font aujourd’hui la fierté de leurs descendants (800 000 à 1 million de Suédois se targuent de cette ascendance).

Des contrats de travail du XVIIe siècle

Cet épisode de l’histoire européenne a été récemment redécouvert par une entreprise belge, l’Atelier de l’Imagier, spécialisée dans la numérisation de documents patrimoniaux. Celle-ci avait était chargée de la numérisation de contrats de travail conservés en Suède – des documents particulièrement rares au XVIIe siècle, surtout dans la culture romane – qui documentent cette migration très particulière, rapporte Marine Huguet, responsable des publics aux Archives nationales du monde du travail. Cela leur a donné l’envie de créer cette exposition, autour de photos de descendants des Valloners en Suède et de documents témoignant du glorieux passé industriel de la Wallonie au XIXe siècle. Certaines images figurent parmi les plus anciennes photographies industrielles connues en Europe. L’exposition permet également d’accéder aux contrats de travail via un poste informatique.

Transfer, dépasser les frontières, aux Archives nationales du monde du travail, 78 boulevard du Général-Leclerc à Roubaix, du 12 septembre 2024 au 23 mars 2025. Ouvert de 9h à 17h en semaine et de 13h à 18h les week-ends et jours fériés. Entrée libre.
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