À quelques semaines de quitter la tête de l’union départementale FO de La Réunion, Éric Marguerite revient sur plus de trente années de son engagement militant pour la défense des travailleurs de l’île.
Plus que soixante-dix jours. Sur son smartphone, Éric Marguerite voit chaque matin combien de journées il lui reste à la tête de l’union départementale FO de La Réunion. Non que le temps lui presse de quitter le mandat qu’il occupe depuis trente et un ans. Mais je suis un fana de gadgets et de technologies, alors j’ai installé ce compte à rebours, précise-t-il.
Plus de trente ans à la tête d’une union départementale, c’est presque un record. Comment expliquer cette longévité ? Peut-être parce que j’ai une formation administrative et une façon de travailler qui cadrent avec la gestion d’une UD ? Le bientôt jeune retraité avance aussi une autre hypothèse : Les gens me font confiance. Éric Marguerite bénéficie en effet d’une réputation qui lui a aussi permis d’être président de la CAF de 2006 à 2016 et trésorier de l’Agefos-PME. Il préside encore pour quelques mois la Commission de l’aménagement durable de l’espace régional (au CESR).
On pensait que tout était possible
À l’origine, le jeune secrétaire de préfecture est tombé dans l’action syndicale un peu par hasard. J’ai croisé le secrétaire du syndicat FO de la préfecture, avec un tas de dossiers sous le bras – les archives du syndicat. Il m’a invité à me plonger dedans avec lui. Éric n’en est pour ainsi dire plus jamais ressorti. Il prend sa carte, fréquente de plus en plus le bureau syndical. Quelques mois plus tard, alors que le secrétaire général du syndicat national des personnels des préfectures débarque sur l’île, Éric est chargé de l’accueillir. Ce sont mes premiers contacts avec l’action syndicale. À l’époque, on était une génération qui rêvait beaucoup, qui pensait que tout était possible, qu’il suffisait d’avoir envie.
L’UD se construit au fil des années. Éric Marguerite entre au bureau, puis prend les rênes de l’UD en 1992. J’ai quasiment quitté l’administration et me suis installé au syndicat. On aurait pu me virer de mon poste, je n’avais pas encore d’heures de décharge d’activité. Mais je sentais qu’il fallait miser sur le rapport de force.
Retour sur un mois de grève et de manifs en 1997
De ses années de lutte, il retient le combat, mené en 1997, contre la volonté gouvernementale de supprimer la sur-rémunération des fonctionnaires ultramarins. Un mois de grève et de manifs, d’occupation de locaux (sans dégradation), nous arpentions les rues de la ville avec ma voiture équipée de haut-parleurs. Sous son égide, l’équipe de l’UD relance la manifestation du 1er Mai, tombée en désuétude, développe la formation locale des militants et stimule les nouvelles adhésions. Outre la fonction publique on s’implante alors dans l’action sociale, le bâtiment, la santé privée, la banque et les assurances…
Lorsque Éric Marguerite contemple avec recul ces années d’engagement militant, il constate : Ces années m’ont surtout appris le rapport aux autres, l’empathie. Les gens ont grand besoin d’être écoutés, qu’ils rencontrent des difficultés économiques ou morales. L’homme n’oublie pas non plus de souligner le soutien de sa famille, et, au premier rang, de sa femme. Sans elle pour s’occuper de nos trois enfants et de la maison, je n’aurais jamais pu consacrer ce temps au syndicat, tous les matins et parfois le dimanche. Elle a toujours compris… Un joli coup de chapeau qui rappelle que rien ne s’accomplit jamais seul.