Dix mois après son interruption, le chantier de la réforme de la formation initiale des enseignants a repris. Mais le texte du gouvernement demeure inchangé malgré de nombreux défauts pointés précédemment par FO. Concernant les élèves, le ministère communique autour de la nouvelle épreuve de « culture mathématique » pour le bac général… « De la poudre aux yeux , juge Christophe Lalande de la FNEC FP FO.
Le rouleau compresseur des réformes n’en finit pas à l’Éducation nationale. Dernière en date, la réforme de la formation initiale des enseignants, dont les dernières transformations datent d’il y a seulement quatre ans. Le 2 avril, le ministère de l’Éducation lançait un groupe de travail sur ce chantier qui est loin d’être nouveau. Entamée au printemps 2024, cette réforme avait en effet été interrompue par la dissolution et les élections législatives qui ont suivi. Lorsque le texte avait été présenté en comité social d’administration (CSA) ministériel le 10 juillet dernier, FO avait quitté la table, en désaccord profond avec les éléments présentés. Moins de 10 mois après, il n’y a aucun changement dans le texte qui nous a été présenté, indique Christophe Lalande de la Fédération nationale de l’enseignement, de la Culture et de la Formation professionnelle FO.
La seule bonne nouvelle qui demeure, c’est le retour à un recrutement niveau licence, puisque le concours est désormais prévu en fin de L3, ce qu’avait enlevé la masterisation. Nous demeurons le seul syndicat opposé à la masterisation, explique le militant. Les enseignants sont le seul corps des fonctionnaires de catégorie A dont on exige qu’ils aient un master. Dans les textes présentés par le ministère, le concours se déroulerait donc à Bac+3 et les lauréats auraient, dès le M1, le statut de fonctionnaire-stagiaire et une rémunération mensuelle de 1 400 euros. Une avancée qui a été gagnée par la mobilisation au printemps 2024, rappelle Christophe Lalande.
De nombreux défauts de la réforme perdurent
Mais les défauts déjà pointés par FO en 2024 demeurent. La masterisation n’est pas remise en cause puisque le master est nécessaire pour être titularisé. Et donc le parcours du combattant de ce cursus va rester le même, toujours aussi conséquent en termes de charge de travail pour les futurs enseignants qui doivent à la fois se professionnaliser et passer un master.. Et, avec cette masterisation, les questions sans réponses restent les mêmes. Que deviendront les lauréats du concours qui ne seront pas admis en M2 ? Et ceux qui seraient déjà titulaires d’une première année de master ?
Enfin, avec le statut de fonctionnaire stagiaire sur deux ans, le ministère prévoit une obligation d’un engagement de 4 ans pour les lauréats du concours. Un enseignant en souffrance ne devrait pas avoir l’obligation de continuer à enseigner devant des élèves, estime le militant de la FNEC FP FO.
FO pose aussi la question de l’inégalité de traitement des candidats puisqu’il est prévu que les étudiants issus des parcours préparatoires au professorat des écoles, ces formations sur trois ans ouvertes à la rentrée 2021, soient dispensés des épreuves écrites d’admissibilité du CRPE (concours de recrutement de professeur des écoles). Pourquoi cette inégalité vis-à-vis des candidats d’autres licences plus disciplinaires ? D’autant que, vu le contexte d’austérité budgétaire, il n’est pas sûr que tous les étudiants aient accès à un PPPE (parcours préparatoires au professorat des écoles), ce qui pose aussi une inégalité territoriale.
Un dialogue social toujours en berne
Dernier élément pointé par FO : le passage en force du ministère sur ce sujet. Alors qu’Élisabeth Borne avait promis un CSA ministériel dans le souci du dialogue social, le ministère a finalement annoncé que cette réforme statutaire serait publiée de manière inchangée sous forme de décret dès le 15 avril, souligne la FNEC FP FO. Cette décision autoritaire passe d’autant moins auprès des personnels enseignants que le sujet de la formation initiale, souligne la FNEC FP FO, est essentiel en vue d’améliorer l’attractivité de la profession. Il mériterait donc un vrai dialogue avec les organisations syndicales représentatives.
Cette crise de l’attractivité touche diversement les enseignements : les mathématiques figurent parmi les disciplines où le nombre de candidats au concours diminue d’année en année. Et ce n’est pas la nouvelle épreuve anticipée au baccalauréat qui changera quoi que ce soit. Selon les annonces du ministère, cette nouvelle épreuve prévue pour l’année 2026 concerne tous les lycéens de première générale. Le gouvernement annonce en grande pompe qu’il rétablit les maths pour tous les lycéens généraux. C’est de la communication, de la poudre aux yeux. Déjà ce n’est pas une épreuve de maths mais de culture mathématique. On a un bout de bac qui ne ressemble à rien.